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Trois défis pour que la vie soit une fête

Prédication epupl

Prédication du dimanche 11 octobre 2020, par le pasteur Christian Baccuet.

Lecture : Matthieu 22, 1-14.

 

 

 

Matin : confirmation de Jean, Constance, Héloïse, Mathilde et Marie.

 

Constance, Héloïse, Marie, Mathilde et Jean, vous aimeriez que votre vie soit une fête ?

Alors je vais vous lancer trois défis qui, si vous les relevez, vous permettront de vivre joyeusement, sereinement, pleinement. Pas d’éviter les difficultés et les épreuves, mais de les traverser avec une force de vie, comme beaucoup d’entre nous dans ce temple le vivent. Ces trois défis me sont donnés par l’histoire que nous venons d’entendre, que raconte Jésus ; une parabole, c’est-à-dire une histoire qui nous parle de nous, de Dieu, des autres, de la foi, de la vie. De la vie comme une fête.

 

1. Une histoire belle… et horrible !

C’est amusant que ce soit cette lecture qui nous soit donnée pour ce jour de fête, car c’est une histoire… de fête. Mais c’est une histoire à la fois belle et horrible !

Elle est belle, car il y est question d’une fête avec un grand repas et beaucoup d’invités. Une sorte de super banquet de confirmation ! Ce festin est donné par un roi en l’honneur des noces de son fils. Occasion de réjouissance que le roi veut faire partager. A son festin vont se régaler tous ceux qui se trouvaient sur les places et qui, certainement, n’en reviennent pas d’avoir été invités. Ils sont tous là, bons et mauvais. Ils emplissent la salle.

Mais c’est aussi une histoire horrible, qui finit mal pour beaucoup de personnes. Il y a d’abord les serviteurs du roi qui sont maltraités et tués par les premiers invités, ceux qui refusent l’invitation. Il y a ensuite ces invités qui ont rejeté les envoyés et qui, à leur tour, vont périr. Il y a enfin le malheureux de la fin de l’histoire, qui est entré avec la foule des chemins mais qui n’a pas d’habit de noces. Le voilà repéré et expulsé au dehors, dans les ténèbres et les grincements de dents ! Cette belle histoire est une mauvaise nouvelle pour tous ces gens. La fête est mêlée de sang…

Cette histoire résonne dans la complexité de l’histoire humaine, où le beau et le terrible se mêlent, la paix et la violence, les belles réalisations et les crimes atroces. Elle résonne dans la complexité de nos vies, où se mêlent rires et larmes, joies et peines, chemins riants et sombres… Elle résonne à l’intérieur de nous-mêmes, qui savons bien qu’au fond de nous tout n’est pas paisible, joli, parfait, qu’il y a des traces d’ombre, de remords, de souffrance. En notre humanité autour de nous et en nous, se mêlent fête joyeuse et horreurs, comme dans l’histoire que raconte Jésus. Car Jésus ici, comme toutes les histoires de la Bible, nous parle de la vie, de notre vie, non pas comme dans un rêve, mais dans notre réalité. Il nous parle à nous. Il parle de nous.

Alors je vous propose d’entendre cette histoire en ce qu’elle résonne pour nous, en nous. En ce qu’elle concerne votre vie, Constance, Héloïse, Marie, Mathilde et Jean.

 

2. Trois défis

Trois défis donc, pour que votre vie soit une belle fête.

 

a. Vivez votre foi dans une Eglise ouverte

D’abord, cette histoire nous raconte une belle histoire, une belle fête. C’est ce qui domine dans l’histoire que raconte Jésus.

C’est l’histoire d’un festin. Le festin est une image biblique traditionnelle pour dire le Royaume de Dieu. D’ailleurs Jésus commence en disant : « Voici à quoi ressemble le royaume des cieux ». Le royaume des cieux, c’est le temps de la présence de Dieu. Un temps que l’on attend, quand le sens ultime du monde nous sera donné, quand nous verrons Dieu face à face, quand on fera un banquet géant, quand on se réjouira de vivre pleinement avec Dieu, dans un univers réconcilié, un monde d’abondance et de partage. Un temps que l’on peut déjà vivre, dans la foi, car il a été ouvert par Jésus qui est venu partager nos chemins pour nous mettre en route dans cette espérance, pour déjà en vivre des bouts, pour construire notre monde à l’horizon de cette bonne nouvelle. La fête est à venir, et elle est déjà là. Elle a commencé et nous y sommes invités.

Dans cette parabole, il s’agit d’un repas de noces. Les noces sont aussi un thème classique pour dire la joie du Royaume de Dieu. Et là il s’agit des noces du fils… comment ne pas y voir une image de la fête joyeuse de la présence du Christ, le fils de Dieu ?

Cette histoire, c’est d’abord celle d’une immense invitation. C’est la fête, et à cette fête les invités sont nombreux. Il y a ceux que le roi invite mais qui refusent, vers lesquels le roi envoie à nouveau son invitation, en leur donnant même le menu, en espérant qu’ils vont venir. Et puis il y a ceux qu’il envoie chercher dans les rues, aux carrefours, sur les chemins, en ces lieux où se trouvent des gens de toutes sortes, bons et mauvais mélangés. Le récit parallèle dans Luc précise que ce sont des pauvres, des infirmes, des aveugles, des boiteux… Bonne nouvelle de la grâce qui accueille pour la fête du Royaume tous ceux qui habituellement ne sont pas invités !

C’est une parabole de l’Evangile. En Jésus-Christ, la Parole s’adresse à tous les peuples de la terre. Les « païens », méprisés par les bons croyants du temps de Jésus, sont invités eux aussi au festin des noces du Fils. On va les chercher là où ils sont, aux confins de la ville, aux extrémités d’Israël, là où les populations se mélangent. Issue de l’évangélisation jusqu’au bout du monde, l’Eglise va s’emplir d’hommes et de femmes de toutes sortes. La salle du festin est comble d’invités, image d’une Eglise de multitude. Tous invités !

Voilà le premier défi pour vous : suivre un Dieu qui invite tout le monde. Souvent, notre monde est coupé en deux : ceux qui sont bons et ceux qui sont méchants, ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous, ceux qui méritent de gagner et ceux qui sont condamnés à perdre, les purs et les impurs… Les religions, bien souvent, abondent dans ce sens et présentent Dieu comme celui qui trie. C’est-à-dire comme celui qu’il faut craindre, dont la punition est terrible. Et la vie devient alors une épreuve sans fin pour essayer de devenir parfait. Et de là naissent fatigue, culpabilité, peur, dépression. C’est ce qu’a connu Martin Luther, quand il essayait, sans y arriver, de faire en sorte que Dieu l’aime. Cela n’est pas réservé aux religions. Bien des aspects de notre monde nous appellent à vivre ainsi, dans la peur, la lutte, la compétition, l’exclusion des autres. Ainsi la vie devient horrible. Le premier défi, c’est de suivre ce Dieu dont Jésus nous montre le visage : un Dieu qui invite à la fête, et qui y invite tout le monde. La vie n’est pas faite pour être triste, mais épanouie.

Alors, Constance, Héloïse, Marie, Mathilde et Jean, méfiez-vous des gens, des groupes, des idéologies qui poussent à l’exclusion, à la violence, à l’enfermement des autres. Suivez, avec nous, le Dieu de Jésus-Christ qui nous invite à sa table. Ce Dieu, et cet amour qu’il partage avec nous, c’est celui de la fête. Continuez à venir faire ici la fête, avec nous, dans la vie d’Eglise où tout le monde a sa place. Venez nous aider à vivre ensemble cette joyeuse vie d’Eglise !

Premier défi : vivez votre foi en ce Dieu qui invite tout le monde, vivez la dans une Eglise ouverte !

 

b. Gardez des espaces pour répondre à l’invitation de Dieu

Tout le monde est invité. Mais tout le monde ne répond pas oui, nous dit la parabole. C’est là où la fête commence à se ternir. Et qu’elle se transforme même en drame. L’invitation de Dieu est ouverte à tous, et c’est librement que nous pouvons y répondre oui ou non. La parabole commence avec ceux qui refusent l’invitation. Au temps de Jésus, cette histoire a une force polémique. Ceux qui refusent l’Evangile, ceux qui n’acceptent pas que Jésus aille rencontrer ceux qui sont exclus, abandonnés, de mauvaise vie, impurs à cause d’une maladie, d’une faute, d’une nationalité, ceux-là sont ceux qui reçoivent l’invitation mais la rejettent, allant même jusqu’à tuer les serviteurs porteurs de l’invitation, comme dans la Bible Jésus a été mis sur la croix.

Car une Eglise d’ouverture, un Dieu qui invite tout le monde, un Christ qui s’adresse à chacun, cela est insupportable pour ceux qui ont le pouvoir, qui veulent les premières places, qui s’assoient sur les autres, qui se posent en norme pour les autres, qui croient posséder la vérité. Toute la Bible se déroule dans cette tension. D’un côté, la grâce de Dieu qui invite largement et sans cesse son peuple à se réjouir de l’alliance, à venir partager le festin du Royaume. De l’autre, le peuple qui refuse cette grâce, qui veut se débrouiller seul, qui souvent rejette les envoyés de Dieu, qui parfois les met à mort, qui toujours sombre dans la spirale de violence dont il finit par être lui-même victime. C’est cette violence qui est présente dans la parabole, violence qui culmine à la croix.

Les invités qui refusent ont de « bonnes » raisons. Mais attention aux bonnes raisons, qui souvent cachent de mauvaises excuses. Ils ne veulent pas venir. Ils ont d’autres priorités, ils s’en vont, nous dit le texte, « l’un à son champ, l’autre à son commerce ». Face à la gratuité de l’invitation, ils préfèrent le monde économique, le travail et la performance, le pouvoir. Ils se placent ainsi dans une logique de mort.

Le deuxième défi est d’entendre cette parabole pour nous, là où nous sommes tentés de passer à côté de l’invitation, de refuser la grâce. Je la refuse chaque fois que je voudrais qu’elle rapporte, peut-être qu’elle récompense ce que je donne, qu’elle soit efficace et rentable, chaque fois que je n’arrive pas à accepter la gratuité de l’amour de Dieu pour ma vie. Je la refuse car elle me dérange trop. Souvent, je préfère rester dans mon quotidien, mes petites affaires, la logique comptable qui est la mienne. Et je m’enferme dans une logique sans Dieu, c’est-à-dire dans une logique de mort. Défi pour vous, Constance, Héloïse, Marie, Mathilde et Jean : ne vous laissez pas enfermer par la vie, le travail, l’argent, les préoccupations, la compétition, les réseaux sociaux... Si vous êtes enfermés là-dedans, vous perdrez le sens des autres, le sens de Dieu, le sens de vous-mêmes, passerez à côté de la fête, vous serez malheureux et comme déjà morts ! Acceptez joyeusement l’invitation de Jésus !

Et pour cela, ménagez dans votre vie des espaces pour vous, dans la prière, la méditation, la lecture de la Bible, la rencontre avec d’autres chrétiens. Aidez-vous mutuellement à le faire. Vivez-le avec nous. L’Eglise, c’est ce garde-fou que nous nous donnons pour ne pas sombrer dans une vie vide mais pour toujours revenir à l’essentiel, entendre sans cesse l’invitation de Dieu à faire la fête avec lui.

Deuxième défi : restez disponibles à l’invitation de Dieu en gardant des espaces disponibles pour lui !

 

c. Soyez témoins du Christ

Les premiers invités, les invités de marque, ceux qui se croient tout permis, même de refuser l’invitation, ceux-là finissent mal, se privent de la fête et de la vie. Les autres, ceux qu’on est allés chercher partout ailleurs, entrent dans la salle du banquet, ils emplissent la salle et le roi entre pour les rencontrer. La fête va commencer ! Mais surgit un gros problème. Il y a là un malheureux qui n’a pas l’habit de noces et qui est rejeté dehors. Il est mal habillé alors il est expulsé. C’est violent, et cela peut paraître contradictoire avec ce que l’Evangile nous apporte. Comment comprendre cela ? L’habit, dans la Bible, c’est la marque de l’identité, c’est le symbole de la personne. Paul dit aux Galates : « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ » (3, 27). L’homme n’a pas d’habit de noces : il ne s’est pas revêtu de la grâce. Il ne s’est pas changé. Il n’a pas été changé. Il ne s’est pas laissé convertir, il est là comme s’il était à un repas banal. Il se met de lui-même hors de la fête en restant dans sa tristesse et son silence. Il a répondu à l’invitation, il est venu, il a vu… mais il n’a rien vécu.

Combien je me retrouve dans ce malheureux. C’est sans doute pour cela que dans la parabole il me touche particulièrement. Moi aussi je veux répondre à l’invitation de Dieu, mais au fond de moi je me change si peu devant la grâce. Elle est pour moi tellement banale. Peut-être parce qu’on en parle trop, ou que je préfère ne pas trop comprendre ce qu’elle veut dire. J’oublie que la foi est une fête et que mon être peut en être changé radicalement. Alors je reste sur le côté de la salle, spectateur mais pas participant. Et je reste dans ma logique de ne pas vivre de la grâce. Elle n’a pas d’effet sur moi.

Voilà le troisième défi : se revêtir de l’habit de fête, qui est le Christ. Se revêtir du Christ, c’est-à-dire vivre avec lui, dans cette relation qui ouvre à la vie. Vivre la fête à un tel point que l’on en est habillé, habité. Que l’on en rayonne. Que la joie de vivre se voit, se partage. Qu’on en devient témoin pour d’autres, en invitant d’autres à se joindre à la fête avec nous. Que l’on s’engage à son tour dans la construction d’un monde meilleur, portés par l’espérance du Royaume de Dieu, dans la présence du Christ.

Troisième défi : par vos engagements personnels, professionnels, associatifs, soyez témoins du Christ !

 

3. Une aide pour relever ces défis

Trois défis pour vous, pour nous : la foi en un Dieu d’amour, l’espace gardé pour le rencontrer, le témoignage à partager. Défi en nous. Car cette parabole est celle de notre vie en laquelle se mêlent l’invitation de Dieu, la difficulté à y répondre, le mal à se revêtir de l’habit de fête. En nous. Il y a en moi, c’est vrai, beaucoup de choses appelées à la vie, mais tellement peu qui en font écho. Il y a au fond de moi l’appel du Christ, et ma vie a tant de peine à s’en revêtir…

Et là, la parabole devient bonne nouvelle. « Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus », conclut Jésus. Il ne s’agit plus ici de savoir qui dans le monde est sauvé ou perdu, il s’agit de comprendre que ce qui, en moi, refuse l’invitation, sera éliminé ; que ce qui, en moi, ne revêt pas l’habit de fête, sera mis de côté. Que ne resteront en moi que la joie de la fête, la joie de croire, d’en vivre et de le partager ! Qu’un jour la fête sera pleine et entière, et qu’en attendant je peux déjà en vivre un avant-goût, en être un avant-goût ! Le défi de vivre en fête se transforme alors en promesse au fond de moi.

Défis et promesse que je ne vis pas seul. Une aide m’est donnée : Dieu lui-même, qui nous donne son Esprit, son souffle, sa présence. C’est l’Esprit saint qui m’aide chaque jour à accepter joyeusement son invitation à rejoindre, dans la fête, tous ceux qui vivent en sa présence. C’est l’Esprit saint qui m’aide à trouver, chaque jour, un espace pour la rencontre avec Dieu. C’est l’Esprit saint qui m’aide, chaque jour, à revêtir l’habit de fête qui me rend vivant du Christ, rayonnant pour les autres.

Un petit mot pour se rappeler de cela : le mot « fête ». Quatre lettres. F comme Foi en un Dieu d’amour, E comme Espace pour se ressourcer en lui, T comme Témoins de la vie qu’il donne, E comme Esprit saint qui œuvre en nous. Joyeuse fête quand ces quatre dimensions se marient en nous !

Tout à l’heure nous allons être invités au festin des noces du Fils de Dieu. Nous allons partager le pain et le vin de la Cène, signes du repas du Seigneur, de sa présence festive parmi nous. Constance, Héloïse, Marie, Mathilde et Jean, soyez heureux d’être invités. Nous tous dans ce temple, soyons heureux d’être de la fête ! Revêtons Christ et vivons la fête aujourd’hui et chaque jour de notre vie !

Amen.