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Quand un ange nous rencontre...

Texte de la prédication du dimanche 17 décembre 2023, par les pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier

 

Quand un ange nous rencontre…

 

Prédication du dimanche 17 décembre 2023, par les pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier.

 

Matin : culte « Noël avec le enfants », avec une version plus courte sous forme de méditation à deux voix (points 1 à 5).

 

 

En ce 3ème dimanche de l’Avent, nous vous invitons à méditer à partir des différentes rencontres qui, autour de la naissance de Jésus, impliquent un ou des anges. Toutes ces rencontres nous disent quelque chose d’essentiel sur la naissance de Jésus. Elles nous permettent d’entendre cette rencontre du Dieu vivant avec l’humain, de manières différentes.

« Ange », ἄγγελος (angelos) en grec, cela veut dire « messager », porteur de nouvelles. Comme dans « Ev-angile », « bonne nouvelle ». Dans la Bible, un ange, c’est quelqu’un qui apporte une nouvelle de la part de Dieu. La rencontre avec ce porteur d’un message de Dieu, cela ouvre des vies. Et autour de la naissance de Jésus, il y a plusieurs personnes qui rencontrent un ange, ou des anges.

Alors partons à la rencontre de ces anges. Ou plutôt, laissons-les nous rencontrer, laissons-nous toucher par ces moments où Dieu fait signe, à nous aujourd’hui comme autrefois à Zacharie, Marie, Joseph, les bergers, les mages, et d’autres encore.

 

1. La rencontre comme réponse à une prière – Zacharie

Zacharie était âgé, et lui et sa femme Elisabeth n’avaient pas d’enfants ; ils en étaient malheureux. Un jour, dans le Temple de Jérusalem, un ange qui s’appelle Gabriel – ce qui signifie « Homme de Dieu », apparaît à Zacharie et lui dit « N’aie pas peur, Zacharie, car ta prière a été exaucée » (Luc 1, 13). Il lui annonce qu’Elisabeth va être enceinte, et ils vont avoir un fils qui s’appellera Jean – Jean qui deviendra Jean le Baptiste.

Au moment où Zacharie ne croyait plus possible que son désir se réalise, c’est une bonne nouvelle qui lui parvient ; comme une réponse à sa prière. Il en est tellement surpris qu’il en perd la voix pendant plusieurs mois. Après la naissance de son fils, il la retrouve et chante pour dire merci à Dieu.

La rencontre est une réponse à nos prières. Pas toujours comme on le voudrait, pas toujours au moment où on le voudrait ; Dieu nous surprend parfois, il est discret souvent. Mais il sait que nous avons besoin de lui, et sa réponse est de nous dire, comme à Zacharie : je suis avec toi, et je veux qu’avec moi tu donnes la vie et la joie autour de toi !

 

2. La rencontre comme surprise qui amène l’inattendu – Marie

Et voilà qu’ensuite c’est au tour de Marie de recevoir la visite d’un messager, porteur d’une Bonne Nouvelle : « N'aie pas peur, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l'appelleras du nom de Jésus […] l'enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu. » (Luc 1, 30-31 et 35). Voilà qui est inattendu. Marie elle-même en est surprise. Il y a de quoi ! Elle est jeune, elle ne vit pas encore avec un homme, elle habite Nazareth, village inconnu de la Galilée méprisée. Elle est troublée, elle se demande ce que cela peut bien signifier.

Quand nous relisons ce passage, nous nous demandons comment nous accueillerions cet inattendu ?! Quelque chose qui chamboule entièrement la vie, ici c’est la parentalité mais ça peut-être tellement d’autres choses dans nos vies. Des événements qui remettent tout en question. C’est ce que Marie a vécu, et pourtant sa confiance est magnifique : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Luc 1, 38).

Dieu dérange, et il en a dérangé plus d’un dans la Bible, dans l’histoire, et pourtant, ils ont répondu à l’appel de l’inattendu, avec plus ou moins de réticence, ils se sont laissé mettre en route par l’inouï. La rencontre avec un autre nous fait nous rendre compte de notre rôle à jouer pour porter Dieu dans ce monde, et ces appels peuvent vraiment être inattendus !

Dans la rencontre, c’est l’inattendu qui créé l’émerveillement, comme Marie qui, à la suite de cet inattendu, louera Dieu dans une magnifique prière !

 

3. La rencontre comme invitation à changer de regard – Joseph

Pendant ce temps, Joseph, le fiancé de Marie, est troublé, car ils ne vivent pas encore ensemble et Marie est enceinte... On risque de penser du mal d’eux, il envisage même de la quitter. Et voici que l’ange du Seigneur lui apparaît à lui aussi ! Il lui explique que ce qui arrive à Marie est une bonne nouvelle, car leur fils sauvera tout le peuple ; il s’appellera Jésus, ce qui veut dire « Dieu sauve ». Sauver, cela veut dire remettre debout, aider à marcher dans la paix, recevoir l’amour de Dieu, vivre en sa présence. Si Marie est enceinte, cela vient de l’Esprit saint, c’est-à-dire que c’est le projet de Dieu.

Joseph change alors de regard sur Marie ; il reste avec elle, et quand le fils naît il l’appelle Jésus comme l’ange l’avait demandé. Il va vivre avec Marie et Jésus, il va les protéger quand le roi Hérode voudra le tuer ; l’ange du Seigneur lui dira de fuir en Egypte, puis lui dira quand ils pourront revenir.

La rencontre est une invitation à changer de regard. Parfois les choses nous paraissent compliquées, pénibles, impossibles. Et dans la rencontre avec Dieu on comprend qu’elles peuvent être une occasion de transmission, de partage, de foi. Une invitation à passer de la méfiance à la confiance.

 

4. La rencontre comme lumière et chaleur – Les bergers

Au bout de cette confiance, une lumière : la naissance de Jésus. Et c’est un ange à nouveau, et une foule d’anges : l’annonce aux bergers. C’est une lumière dans leur nuit et dans leur vie, une lumière pour ce monde, quelque chose qui rendrait les vies plus chaleureuses. Cette confiance les amènera à être dans une joie totale, qui produit en eux de la lumière, de la chaleur ! Par la rencontre avec l’ange puis avec Jésus, ils n’ont pu s’empêcher de répandre la nouvelle tellement c’était puissant pour eux ! Même si au début ils ont pu avoir peur.

Dans nos vies, les messagers de Dieu nous font vivre cela ! Ils nous font réaliser qu’il y a quelque chose de lumineux au milieu de tout ce que nous vivons de sombre. Encore faut-il être attentif, ressentir ce qui se produit en nous, comme les bergers !

La rencontre crée en nous de la lumière et nous permet de rayonner, comme les bergers !

 

5. La rencontre comme présence qui guide – Les mages

Après la naissance de Jésus, des savants venus d’Orient, spécialistes des étoiles que l’on appelle les Mages, apprennent qu’un roi vient de naître. Ils viennent à Jérusalem chez le roi Hérode, mais ce n’est pas là. Alors Dieu leur indique où se trouve l’enfant. On ne sait pas si c’est un ange qui leur apparaît, à eux, mais on nous dit que l’étoile qu’ils suivent s’arrête au-dessus de la maison où se trouvent Jésus et Marie, à Bethléem. Ils offrent à l’enfant de magnifiques cadeaux, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Puis Dieu les avertit de ne pas repasser chez le roi Hérode pour ne pas trahir le lieu où se trouve Jésus ; ils repartent alors par un autre chemin.

La rencontre est une présence qui nous guide. Sur le chemin de notre vie, Dieu nous aide à faire les bons choix, et à recommencer si on s’est trompés. Car Dieu veut que nous soyons heureux, généreux, et que nous puissions, chez nous et partout dans le monde, être témoins de sa Parole.

 

6. La force d’une présence dans les épreuves

Réponse à une prière comme pour Zacharie, surprise qui amène l’inattendu comme pour Marie, invitation à un changement de regard comme pour Joseph, lumière et chaleur comme pour les bergers, présence qui guide comme pour les mages… Ce temps de l’Avent et de Noël nous replace au cœur de ces rencontres, replace la rencontre au cœur de nos vies.

Mais il n’y a pas qu’à Noël que cela arrive et prend sens pour nos vies. Des anges, des messagers de la présence de Dieu, interviennent ailleurs dans l’Evangile, notamment dans des moments d’épreuve, de difficulté, de souffrance, comme des soutiens.

Ainsi, quand Jésus est tenté dans le désert, au début de son ministère, et qu’il résiste, appuyé sur l’Ecriture et porté par l’Esprit saint, aux attaques du diable, figure du mal, Matthieu nous dit que « Des anges vinrent auprès de Jésus et ils le servaient » (Matthieu 4, 11), manifestant ainsi à la fois sa proximité intime avec Dieu, qui fait de lui le Seigneur que les anges servent comme ils servent Dieu.

A la fin de son ministère, quand Jésus sait que sa fin est proche, et qu’après avoir partagé le pain et la coupe avec ses disciples lors d’un dernier repas il se rend au Mont des Oliviers pour prier, qu’il traverse la peur et l’envie d’abandonner, Luc nous dit qu’« alors un ange du ciel lui apparut pour le fortifier » (Luc 24, 23).

La rencontre est une force dans notre faiblesse, un soutien dans nos épreuves, une puissance de vie au milieu des forces de mort.

Les anges sont ainsi les porteurs de la force de Dieu, signes de sa présence dans notre monde et dans notre vie. Messagers de Dieu parmi nous, du ciel avec nous. Dans les évangiles, ils sont souvent cités dans des paroles de Jésus, comme étant avec Dieu, aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps, jusqu’au Royaume, quand la présence de Dieu éclatera en plénitude. De nombreux textes l’évoquent dans les évangiles de Matthieu et Luc, comme celui-ci : « Le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges » (Matthieu 16, 27[1]).

Cela est souvent associé à une dimension de jugement. Rappelons que le jugement dans la Bible ce n’est pas la catastrophe, la condamnation mais une bonne nouvelle, la révélation de ce qui est vérité. La lumière dans notre monde et dans nos vies. La disparition du mal et l’épanouissement de la paix et de la justice. En Dieu. Avec ses anges. Et avec nous. Terre et ciel nouveaux, paix sur la terre et gloire à Dieu dans les cieux. Dieu, en Jésus-Christ, est une Dieu de compassion. De passion avec nous, de passion pour nous. Ainsi, dit Jésus dans l’évangile de Luc, « il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent » (Luc 15, 10).

Force de la joie de Dieu qui nous aide à aller plus loin que les épreuves de la vie !

 

7. Au début… et à la fin

Il y a ainsi de belles rencontres avec des anges au début de l’histoire de Jésus, puis tout au long de l’évangile. On retrouve aussi les anges à la fin, quand tout commence, au jour de Pâques, au matin de la résurrection.

Dans l’évangile de Matthieu, quand Marie de Magdala et l’autre Marie vont au tombeau, elles voient un ange du Seigneur qui descend du ciel – c’est-à-dire qui vient de Dieu. Il roule la pierre qui ferme le tombeau – il ouvre à la vie. Il s’assoit sur la pierre roulée – il domine la mort, il empêche que la pierre se referme. Il dit aux femmes la phrase qui fait basculer leur vie, notre foi, notre existence, l’histoire du monde : « N'ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu'on a crucifié ; il n'est pas ici, il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché » (Mt 28, 5-6). Puis il les envoie comme messagère de cette bonne nouvelle, premières anges, premières apôtres : « Allez vite dire à ses disciples : “Il est ressuscité et il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez.” » (v. 7). Alors qu’elles courent porter cette bonne novelle aux disciples, Jésus vient à leur rencontre et c’est lui, directement, qui leur dit : « N'ayez pas peur. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. » (v. 10).

Dans l’évangile de Luc, ce sont deux hommes aux vêtements brillants qui leur apparaissent et leur disent : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n'est pas ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu'il vous a dit lorsqu'il était encore en Galilée : “Il faut que le Fils de l'homme soit livré à des pécheurs, qu'il soit crucifié et qu'il ressuscite le troisième jour.” » (Luc 24, 5-7). Puis elles courent le dire aux disciples, et ensuite c’est Jésus directement qui se manifeste aux siens, à deux disciples sur la route d’Emmaüs, puis aux autres disciples réunis à Jérusalem.

L’ange est le messager qui nous dit la résurrection, qui nous en emplit, qui nous envoie partager cette bonne nouvelle. Et l’ange s’efface pour laisser place à Jésus lui-même. La rencontre, après Pâques, est directement avec le Christ ! Bonne nouvelle.

Et c’est nous qui, désormais, sommes porteurs de la bonne nouvelle, anges à notre tour. Dans la continuation de l’Evangile, envoyés comme anges, comme messagers de l’Evangile.

 

8. Nous, des anges

Nous, ses disciples. Déjà, au cœur des évangiles, le terme ange désigne les disciples. Dans l’évangile de Luc, Jean le Baptiste envoie des disciples pour demander à Jésus s’il est bien le Messie. Ce sont, dit Luc, les « envoyés » de Jean, littéralement les anges ! (7, 24). Et plus tard, quand Jésus décide de monter à Jérusalem, il envoie des disciples pour préparer son chemin. Luc nous dit qu’« il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement », littéralement des anges (9, 52). Dans ces deux cas, les messagers, les anges, sont des disciples, porteurs du lien avec leur maître, responsables de faire lien avec les autres, pour que la bonne nouvelle fasse son chemin parmi nous.

Qui sont les disciples aujourd’hui ? Nous ! En parcourant toutes ces rencontres, ces manières que Dieu a de venir à nous, quelle invitation à la confiance ! Vivre de la confiance, s’en laisser surprendre, emplir, en devenir contagieux, c’est faire un choix de vie, comme Zacharie, Marie, Joseph, les bergers et les mages, les disciples et Jésus lui-même.

 

8. Les anges des petits dans le ciel

Pour terminer, un dernier verset où il est question d’anges. Un verset magnifique et mystérieux, profondément joyeux.

Jésus parle à ses disciples à propos des enfants, et plus largement de tous ceux qui sont petits dans la foi, fragiles, et il leur dit : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 18, 10).

On ne sait pas vraiment ce que c’est, ces anges dans les cieux, ou notre ange dans les cieux. Mais ce qui est sûr c’est que cela dit le lien profond entre Dieu et nous, personnellement. Une présence, pour nous. La présence de Dieu avec nous.

Et là, nous pensons à ce poème que Bonhoeffer a écrit pour le Nouvel an 1945, depuis sa prison :

Merveille ! Protégés par des puissances bienveillantes

nous attendons sans crainte ce qui peut advenir.

Dieu est près de nous soir et matin

et le sera, c’est sûr, chaque jour nouveau.[2]

 

Amen.

 

[1] Matthieu 13.39, 13.41, 13.49, 24.31, 25.31, 25.41, 26.53. Luc 9.26, 12.8, 12.9, 16.22.

[2] Poème, nouvel an 1945. Dans Résistance et soumission, Genève, Labor et Fides, 2006, p. 492-493.