Encore en corps ? — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Encore en corps ?

Texte de la prédication du dimanche 17 septembre - matin, par les Pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier

 

Encore en corps ?

 

Lecture biblique : 1 Corinthiens 12, versets 12 à 27

Pentemont, 17 septembre 2023. Culte de rentrée.

Prédication des pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier.

 

 

Christian – Je suis content que tu sois là, Sophie.

Sophie – Moi aussi je suis contente, Christian, c’est notre première prédication à deux voix !

Christian – C’est le début d’une belle collaboration, dans cette belle paroisse.

Sophie – Au milieu de personnes si différentes.

Christian – Je suis content parce que toi et moi nous sommes différents, on va être complémentaires.

Sophie – Tu trouves que nous sommes si différents ?

Christian – Oui, par exemple, tu es une femme et je suis un homme.

Sophie – Oui, enfin, on est au-delà de ça. Par contre moi je suis jeune et toi… tu es vieux.

Christian – Disons qu’on est au-delà de ça !

Sophie – Si tu le dis !

Christian – Oui, l’important c’est ce qui nous rassemble.

Sophie – On apprécie tous les deux être pasteurs en paroisse, animer des groupes, accompagner des gens, discerner, aider l’Eglise à vivre l’Evangile.

Christian – On participe tous les deux à la vidéo hebdomadaire pasteurdudimanche.

Sophie – On ne vas pas faire la liste de tout ce qu l’on aime. On se ressemble trop ! A se demander pourquoi 2 pasteurs pour cette paroisse, vraiment !

Christian – En même temps, il y a plein de choses sur lesquelles on ne se rejoint pas…

Sophie – Ha oui, je vois de quoi tu parles ! J’avoue, mon cantique préféré c’est « Dieu tout puissant », alors que toi c’est « O peuple fidèle ».

Christian – Oui, ou le fait que j’aime la chanson française et le rock et que toi tu aimes la pop américaine.

Sophie – Oui mais ça c’est parce que je suis jeune, moi !

Christian – Disons qu’on est au-delà de ça ! Mais il est vrai que j’entre dans ma 33ème année de ministère.

Sophie – Et moi dans ma 8ème.

Christian – Ah oui, on a réalisé que je suis devenu pasteur l’année de ta naissance !

Sophie – On est-delà de ça !

Christian – Et puis il y a l’humour… c’est un problème

Sophie – Oui, côté humour on ne peut pas dire qu’on s’entende très bien là-dessus, soyons honnête.

Christian – Eh oui…

Sophie – Génial… super ambiance Christian pour ce premier culte ensemble !

Christian – On a quand même réussi à s’entendre pour le texte biblique d’aujourd’hui, on devrait pouvoir en ressortir quelque chose je pense

Sophie – On s’est même mis d’accord sur ce super titre : « Encore en corps ? » !

 

1. La communauté comme un corps

Christian – Paul développe l’image du corps pour parler de l’Eglise. Différents membres, liés les uns aux autres, qui forment ensemble un être vivant.

Ainsi en est-il de notre paroisse. Nous sommes des personnes différentes, en âge, origines, milieux sociaux, manières de croire.

Par exemple, il y en a qui sont comme les pieds. Sur eux on peut s’appuyer, ils sont toujours partant, ils avancent et font avancer.

Il y en a qui sont plutôt des mains. Ils ne rechignent pas aux tâches matérielles, à donner un coup de main à qui en a besoin, à tenir la main de celui ou celle qui se sent démuni.

Il y a ceux qui sont des oreilles. Ils sont heureux d’écouter la Parole, ouverts à l’écoute des autres, attentifs à leurs joies ou leurs peines.

Il y a ceux qui sont un œil. Leur regard est aiguisé pour comprendre le sens des événements, pour voir celui que cachent les autres.

Il y a ceux qui sont comme un nez, sensibles à l’atmosphère, à l’ambiance, qui sentent le vent et décryptent l’air du temps.

On pourrait continuer la liste, et vous vous reconnaissez peut-être dans telle ou telle partie du corps.

Et puis il y a ceux qui ne sont pas très stables, maladroits, qui n’arrivent pas à écouter, qui ne repèrent rien, qui ne sentent rien.

Eh bien, dit Paul dans cette célèbre image qui était courante dans l’antiquité, vous tous, ensemble, vous êtes un corps.

Dans l’Eglise comme dans un corps humain, les membres sont divers, personne n’est pareil, heureusement ! C’est cette diversité qui fait la richesse de l’Eglise, la multiplicité des personnes, des compétences et des faiblesses, des présences et des vies.

Dans un corps, chaque partie est reliée aux autres, et si une partie souffre, tout le corps en souffre. Si l’un ou l’une d’entre nous ne va pas bien, tout le corps s’en ressent. C’est un appel à vivre l’Eglise comme un tout, solidaires, attentifs aux plus petits, reliés les uns aux autres. C’est ainsi que nous sommes une communauté.

Sophie, tu vas voir comme c’est super, la manière dont nous vivons cela dans cette belle paroisse. C’est une expression de notre foi !

 

2. Le corps du Christ est composé aussi de ce qui nous entoure hors les murs

Sophie – j’aime bien cette phrase et ce dont elle témoigne « l’expression de notre foi », parce qu’elle peut s’appliquer à plusieurs niveaux ! Chacun et chacune de nous exprime sa foi d’une certaine manière, nous l’exprimons différemment aussi en tant qu’Eglise, et puis l’expression de notre foi signifie que ce n’est pas l’expression de LA FOI, comme s’il y en avait qu’une, vraie, bonne.

En plus d’être, toutes et tous, dans cette paroisse, avec nos spécificités, on fait partie d’un tout, plus grand, dans notre société, dans notre monde.

Le corps du Christ n’est pas juste composé de nous chrétiens mais aussi de toutes celles et ceux qui sont hors de ces murs ! L’Eglise dans le monde est une partie du corps social si on élargit. Parfois main tendue aux plus fragiles. Parfois bouche qui offre une Parole différente que celle de la colère, du défaitisme et du conflit. Parfois œil qui voit et discerne dans notre monde les zones d’ombres pour y placer de la Lumière. Ou que sais-je ?!

Mais lorsque nous sommes main en tant qu’Eglise, nous avons certainement besoin de que d’autres soient jambes, oreilles ou œil ! Peut être arrives-tu à tout faire tout seul en même temps Christian, personnellement, j’ai du mal !

On a besoin, en tant qu’Eglise, de ce qui est hors les murs de notre communauté ! Et parfois, d’autres font de bien meilleures parties du corps que nous ! Ne nous prenons pas pour le corps tout entier !

Si on prolonge même juste après ce chapitre 12, Paul nous le dit, on peut tout faire, tout avoir, avoir des dons exceptionnels, mais si nous n’avons pas d’amour pour les autres, nous ne sommes rien. Et cet amour là ne se cantonne pas aux murs de nos Églises !

Et si on ne prend pas conscience que nous sommes, chacun et chacune de nous, et l’Eglise aussi, seulement une partie du corps de ce monde qui est remis entre nos mains, alors c’est certains que ne sommes rien.

Nous même, paroissiens, paroissiennes, nous ne sommes pas qu’Eglise, lorsque nous sommes en dehors, nous sommes aussi médecin, avocat, éboueur, père, mère, frère, sœur, amie… Et nous sommes alors un membre différent de ce corps à chaque fois !

Si tout était Eglise, où serait la société ? Et si tout était politique, où serait l’associatif ? Si seule l’Eglise se considère comme corps complet, alors nous n’entendons pas la mort et la résurrection POUR TOUS ! Difficile de rajouter des membres à un corps déjà complet…

Ainsi, Dieu a placé dans ce monde différents membres qui se soucient les uns des autres ! C’est de cette manière que le corps n’est pas divisé mais que chaque partie du corps prend soin les unes des autres à égalité. Chacun et chacune est essentiel à ce corps pour l’unité et la diversité. Chacun et chacune de nous, celles et ceux qui sont en dehors, et plus largement l’universel qui nous entoure !

 

3. Le corps du Christ

Christian – C’est beau, cette image de l’Eglise comme corps, notre paroisse mais aussi l’Eglise universelle, et aussi toute l’humanité.

Mais, Sophie, je trouve que ce n’est pas toujours facile à vivre. Il y a parfois des personnes qui nous irritent, ou qui nous font mal, ou qui veulent dominer les autres.

Ce n’est pas nouveau ! Il ne faut pas idéaliser l’Eglise des premiers temps. Paul écrit à l’Eglise de Corinthe en 54, à des personnes qu’il connaît bien car il a vécu parmi eux pendant 18 mois, deux ans avant. Il sait que cette Eglise est traversée de conflits graves : conflits de traditions, d’autorité, de doctrine, de personnes, de classe sociale… la liste est longue.

Naturellement, dans notre humanité profonde, il est difficile de ne pas être en rivalité. Si on met deux petits enfants dans une pièce avec 100 pièces de lego identiques, ils vont finir par se disputer pour avoir la même pièce ; c’est ce que René Girard appelait le désir mimétique. Le désir de ce qu’a l’autre, c’est-à-dire le désir de prendre la place de l’autre. Ce désir est au fond de nous. La mort de la communauté est au fond de nous
Si nous pouvons vivre comme un corps, ce n’est pas parce que nous serions des êtres parfaits – toi, Sophie, tu l’es peut-être, mais pas moi ! C’est parce que nous sommes le corps « du Christ », écrit Paul.

En Christ, nos différences ne sont pas des rivalités mais des complémentarités. Dans l’Esprit saint, le corps respire de la respiration de Dieu. C’est avec Jésus-Christ, en lui et par lui, que nous pouvons être une Eglise. C’est un don qui nous est fait, la présence de Dieu qui nous donne de vivre joyeusement les uns avec les autres.

Cela, Sophie, on va le partager sans fin, grâce à Dieu !

 

4. Qui est ce Jésus qui nous fait vivre ? La Parole, mais comment ?

Sophie – 100 % d’accord avec toi Christian ! Je ne dis pas « Amen » tout de suite parce qu’ils vont croire que c’est la fin de la prédication, et pourtant, ils savent combien les pasteurs sont bavards !

Je veux juste aller un tout petit peu plus loin sur ce que tu viens de dire Christian, sur le Christ au centre. Parce que ce Christ qui nous fait vivre, qu’est-ce que c’est ?

Prenons simplement ce que nous dit la Parole, dans le prologue de Jean : La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ; elle venait dans le monde. La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père (Jean 1, 9 et 14).

Donc ce Christ au centre, c’est la Parole de Dieu, et cette Parole est la Lumière des humains. C’est un peu comme quand on est dans une pièce entièrement noire, vous savez, on y va à tâtons, on cherche, y’a des chances qu’on se prenne le pied d’un meuble ou un mur ! Mais si on décide d’appuyer sur l’interrupteur, d’allumer la lumière, tout devient plus limpide, plus clair, et nous arrivons enfin à trouver la sortie à l’obscurité !

Cette Parole c’est la même chose finalement ! C’est une Parole qui illumine les routes, qui permet de sortir de l’obscurité, qui permet de nous montrer la plus belle manière d’être humain dans ce monde, selon ce que Dieu avait prévu au départ, quand il a vu combien cela était bon !

Ce Christ, cette Parole dit quelque chose pour que ce corps, composé de plusieurs membres, puisse grandir en communion ! Cette Parole qui dit à chacun et chacune de nous « il est bon que tu existes » ! A chaque rencontre, à chaque miracle, à chaque parole prononcée, le Christ replace l’humain dans son humanité, comme étant une partie importante du corps que nous composons en différents lieux dans ce monde, pour que la diversité soit unité ! La Parole qui se fait corps justement !

Et finalement, Dieu, sa Parole, cette vie qui nous anime, qui nous permet d’entendre que nous sommes ensemble le corps du Christ, c’est lorsque la Vie jaillit, au milieu du sombre ! Il faut simplement oser appuyer sur l’interrupteur et allumer la Lumière !

 

Christian – Je repense à ce qu’on s’est dit au début de la prédication.

Sophie – Quoi ?

Christian – Bin, tu sais, on est différents l’un de l’autre, et on a plein de choses en commun, on est complémentaires.

Sophie – On partage tous une quête spirituelle, une recherche de sens, un désir de vie communautaire ouverte et engagée, un truc qui nous boost, nous met en mouvement !

Christian – On est membres du même corps, parce que c’est le corps du Christ. Ce corps qui fait unité dans sa diversité, ce qui est mis en mouvement par la Parole qui produit de la Vie et de la Lumière !

Sophie – Ce corps du Christ qui se donne à vivre pendant le culte, pendant la sainte cène, et hors de ces murs ! Ce pain qui est Parole de vie et ce vin qui est élan à la Vie par l’Esprit !

Christian – Oui, en partageant ensemble le pain et le vin, en Christ, nous sommes son corps vivant !

Sophie – C’est ce qui donne sens et saveur à notre vie d’Eglise, et à notre ministère en son sein.

Christian – Alors, Sophie, si on passait au repas du Seigneur ?

Sophie – Oh que Oui… amen !