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Quelle obéissance ?

Texte de la prédication du dimanche 18 décembre 2022, par Olivier Welti

Quelle obéissance ?

Prédication du dimanche 18 décembre 2022, par Olivier Welti

 

Lectures bibliques :

  • Esaïe 7, versets 10 à 16
  • Romains 1, versets 1 à 7
  • Matthieu 1, versets 18-25

 

A l’écoute de ces textes, vous pourriez avoir l’impression qu’Esaïe 7 avec Emmanuel, et l’Annonce faite à Joseph sont des passages bien connus, sinon rebattus. Encore que la traduction de la Bible en Français Courant, emploie un vocabulaire plus direct que ce qui nous vient en mémoire.

Noël est la fête des adultes et des enfants. Si je vous dis « je crois au Père Noël », c’est que je crois que le symbole du Père Noël peut être bon pour nos enfants petits. Enfants bien souvent désobéissants. J’en connais un qui l’est resté.

Dans son adresse aux Romains, l’Apôtre Paul affirme que Dieu lui a demandé d’amener tous les peuples à croire en Lui et à Lui obéir. Le verbe grec est connoté par « entendre, écouter ». Mais de quelle obéissance s’agit-il ? Cette attitude, qui aujourd’hui n’est plus de mode, signifiait avant mai 68, la soumission à la personne et à l’enseignement de Jésus, à la Loi d’amour.

Les 2 autres textes du jour nous parlent d’une forme d’obéissance à Dieu, et des suites de la désobéissance d’un roi.

En substance, dans l’évangile de Matthieu :

Joseph pensait devoir répudier Marie, mais il ne voulait pas l’envoyer à la mort, châtiment prescrit par la Loi. Peut-être même qu’il aimait déjà sa promise. Dans le secret du songe, l’ange lui ordonne de garder Marie et son enfant conçu par « l’Esprit Saint » . On l’appellera « Emmanuel : Dieu-avec-nous, comme dans l’Ecriture. Joseph donne un nom à l’enfant : Yéchouah, soit « Dieu sauve » Joseph décide (selon l’ordre de l’ange) de prendre Marie chez lui, de façon platonique.

Donc Joseph, qui pensait avoir trouvé une issue positive, a reçu mystérieusement l’ordre de l’ange du Seigneur ; il y adhère. Ce Juif juste et droit, va rester dans l’obéissance. Au départ, malgré la Loi, la Thora, et puis il suivra l’ordre reçu de l’ange.

Emmanuel, « Dieu avec nous »

Le passage d’Esaïe mérite d’être replacé dans le récit royal conté dans les livres des Rois et des Chroniques. Acaz, roi de Juda, avait désobéi en tournant le culte vers d’autres divinités que Yahveh seul.

Esaïe intervient dans un moment de grand danger. Les Assyriens sont de plus en plus menaçants. Les Royaumes de Syrie, et d’Israël (au Nord) veulent forcer Juda à se liguer contre l’envahisseur. Leurs armées s’apprêtent même à combattre le royaume de Juda, et à destituer Acaz.

C’est là qu’advient le message du Seigneur pour Acaz. « Demande au Seigneur un signe de son appui ». Cet ordre d’avoir « à demander » est un indice. Il va se passer quelque chose.

Acaz a peur, se sachant coupable s’enlise un peu plus. Il prend un prétexte pour refuser de demander le signe.

Colère exprimée par Esaïe. Le Seigneur donnera quand même un signe.

Jeune fille, jeune femme, les traducteurs hésitent, Chouraqui dit « la la nubile sera grosse. Elle nommera son fils « Emmanuel ». L’histoire continue avec des catastrophes sur Damas, israël, plus tard ce sera le tour de Juda.

Ce « Dieu avec nous » doit accompagner Juda dans ses vicissitudes, jusqu’à encourager un « petit reste » tourné vers le Dieu fort.

Cette prophétie a eu une portée considérable dans le monde juif, dans les siècles qui viendront. L’attente de ce « Dieu-avec-nous », de ce « Dieu qui sauve » entretiendra l’espérance du retour des exilés, Attente dans l’espérance d’un Mashiah (Christ, Oint du Seigneur) descendant de David, sur qui reposera l’ Esprit du Seigneur, et qui fera advenir des temps nouveaux. Le second Esaïe rédigé 200 ans plus tard cite la Bonne Nouvelle (annonce d’un bonheur pour Sion), et le 3ème Isaïe la cite aussi. Les savants de la Septante ont choisi de traduire en grec l’expression que nous appelons « évangile ».

Rencontrant la personne de Jésus, sa relation à Dieu, son enseignement poussé jusqu’au bout, les futurs chrétiens reconnaîtront dans cette figure annoncée, le Christ.

Voyons maintenant la lettre de Paul :

Paul se présente « au service de Jésus-Christ », dans certaines traductions c’est « esclave du christ ». Esclave, aujourd’hui un mot que nous n’aimons pas. Dans l’Antiquité, l’Esclave appartient à son Maître, vit avec lui. Dans la Lettre à Philémon, Paul demande à un maître de pardonner à son esclave chrétien Onésime, qui s’était enfui. En général, on réprouve les excès des maîtres, mais à nos yeux du XXI° Siècle, cette servitude apparaît inacceptable .

Pourquoi Paul emploie le mot Esclave ? Lorsque nous suivons aveuglément nos instincts, lorsque nous vivons sans Dieu, nous sommes « esclaves du mal », nous n’arrivons pas à en sortir. Avec la Libération par la grâce reçue du baptême, il souhaite pour nous de devenir en parallèle, «esclaves du Christ».

 Paul, « Apôtre par appel » : il n’est pas du groupe des Douze, mais selon le livre des Actes, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas, puis reçu mission de faire connaître le nom de Dieu aux nations, et d’annoncer la Bonne Nouvelle. Ici, par le Fils de Dieu ressuscité, il doit « amener les peuples à croire en Dieu et à lui obéir » . Les Romains sont aussi appelés par Dieu, pour appartenir à JésusChrist, à vivre pour Dieu.

Appartenance et obéissance vont de concert. Quand j’appartiens à Jésus-Christ, je fais ce que demande mon Seigneur et avec son aide, j’en assume les conséquences, dans une joie profonde.

Luther : en propageant ses idées sur le salut, il désobéit à l’Eglise, et s’en défend, disant «non possumus» je ne peux pas faire autrement, car il a expérimenté une libération de l’angoisse entretenue à son époque par la peur de l’enfer.

Avec l’obéissance se pose la question de la transgression des Lois. Nous pouvons être prêts à la transgression : -

En recherchant lucidement l’essentiel, ce qu’indique la Loi d’amour, la volonté de Dieu, aidé par l’Esprit Saint,
en prenant conseil auprès de personnes avisées, - en cherchant quel dommage est entraîné par une entorse aux Lois,
En se fixant des limites par le libre examen, pour ne pas déraper dans une habitude de transgression.
En gardant une possibilité de renoncer à dépasser la Loi courante.

N’oublions pas aussi que Paul a eu des paroles libérantes comme : -

tout est permis, mais tout n’est pas utile, -
il n’y a plus, ni homme ni femme, ni grec, ni homme libre, ni esclave.

Alors, je me demande, pour nous aujourd’hui :

Comment pouvons-nous « obéir » à la voix de Dieu ? Nous ne persécutons pas les croyants (encore que . ?) Nous n’allons pas à Damas Nous ne pouvons avoir l’ardeur de Paul (encore que... ?)

Il est permis d’inventer un chemin de confiance, Ménager des transitions, des temps d’arrêt , avant d’entrer en réunion ou en conversation, demander à Dieu de nous aider par son Esprit, reconnaître son appui, et l’en remercier .

Faire appel à la conscience de chacun, pour conseiller utilement, sans se mettre son égo en avant. Et tant d’autres attitudes d’écoute, de réconfort.. Aujourd’hui, se déchaîne dans le monde la violence de forces aveugles : les Radicalismes, les Impérialismes, la marchandisation effrénée, le divertissement industrialisé.. Avec comme conséquences des guerres, des épidémies, des atteintes aux biens essentiels comme l’eau et l’atmosphère. Nous assistons à la destruction du vivant, à la paupérisation des peuples.

Nous sommes effrayés par tant de catastrophes. Il ne s’agit pas de prophéties, mais de signes annonciateurs d’un temps d’épreuve.

Obéir à la loi de Dieu, me paraît : ne pas renoncer à ce que nous sommes, des humains responsables et libérés par la Parole du Christ. On ne nous demande pas de dépasser la limite de nos moyens, mais de s’en rapprocher. Les fruits seront la compassion, la justice, et le service de nos frères pour la gloire du dieu invisible.

La dernière parole du Christ en Galilée dans l’évangile de Mathieu : « Sachez-le : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Avec son aide, soyons solidaires, Tenons ferme dans la foi, Apportons par nos vies, la Bonne Nouvelle de Jésus, à tous Amen