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Des rencontres singulières : Jean, Marie-Madeleine, Thomas et Paul

Prédication du dimanche 27 avril 2025, par Nicolas Chaine

 

Des rencontres singulières : Jean, Marie-Madeleine, Thomas et Paul

Prédication du dimanche 27 avril 2025, par Nicolas Chaine

 

Lectures bibliques : 

  • Jean 20, versets 1 à 28
  • Actes des apôtres 22, versets 6 à 8

 

DES RENCONTRES SINGULIÈRES : JEAN, MARIE-MADELEINE, THOMAS ET PAUL.

 

Il n’y a pas, dans les évangiles, de reportage sur la résurrection de Jésus Christ; sur la résurrection de Lazare, il y en a un, en Jean 11, on voit Lazare se lever, avec encore ses bandes. Mais sur la résurrection de Jésus, pourtant bien plus importante, il n’y en a pas.

On ne connaît la résurrection que par ouï-dire.

Il n’y a que des témoignages; des témoignages de rencontre avec le ressuscité.

 

Je pense que ce n’est pas par hasard que c’est comme ça; c’est pour nous montrer d’emblée que la foi en la résurrection du Christ ne peut naître que d’une rencontre. Pour Lazare, il y un récit, pour que nous puissions croire à une histoire. Pour Jésus-Christ, il y a des rencontres, des témoignages, pour que nous puissions croire en une personne qui est pleinement homme et pleinement Dieu.

 

 

Déjà dans l’Ancien Testament, dans des moments essentiels, on voit bien que la foi est issue d’une rencontre.

 

Comme pour Abraham, qu’on nomme le père de la foi, avec les anges, comme pour Moïse sur la montagne, qui ont rencontré Dieu, la foi chrétienne, c'est-à-dire la foi en Jésus ressuscité, c’est une rencontre. Et, on le verra, une rencontre personnelle.

 

Ce qui distingue les chrétiens des juifs et des musulmans qui croient aussi en un Dieu unique, c’est cette rencontre avec le Christ ressuscité, c’est ce qui fait qu’ils sont chrétiens. De cette rencontre naît la foi, comme on va le voir avec quelques exemples.

 

 

Jean

Au tombeau il n’a pas vu Jésus, qui n’était plus là. C’est presque trop beau…Il vit et il crut. Les linges bien à plat, à côté du tombeau vide, lui ont suffi. Il a rencontré Jésus ressuscité dans son absence même.

 Certes Jésus avait à plusieurs reprises annoncé sa mort et sa résurrection, quelques versets des prophètes allaient aussi dans ce sens, mais on avait plutôt l’impression que les disciples n’avaient rien compris. On les comprend d’ailleurs très bien de n’avoir rien compris…

Jean ajoute: “Jusque là,en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts”. Jean nous dit, d’une certaine manière, que c’est la résurrection qui éclaire l’Écriture, plus que l’inverse.

Jean c’est alors une foi immédiate, absolue.

 

Marie Madeleine

Jean n’a pas vu Jésus, et il a compris. Marie Madeleine l’a vu, mais elle n’a pas compris tout de suite; elle l’a pris pour le jardinier.

Marie Madeleine, citée 13 fois dans le Nouveau Testament est un disciple important; dans les 4 évangiles elle est au pied de la croix, et chez Marc, Matthieu et Luc, elle est à la mise au tombeau. Elle connaissait bien Jésus pour l’avoir longuement accompagné. C’est seulement quand Jésus lui parle qu’elle le  reconnaît. Mais alors, elle est formidable, elle n’a pas peur comme les garçons qui se sont enfermés, elle ne perd pas une seconde pour aller annoncer la bonne nouvelle. De sa rencontre naît la foi, et c’est une foi agissante.

 

 

Thomas

On l’a déjà repéré dans Jean 14 au moment où Jésus dit: “ Quant au lieu où je vais vous en savez le chemin”, et qu’il répond avec bon sens “ Seigneur nous ne savons même pas où tu vas, comment connaîtrions-nous le chemin”.

Thomas, c’est un rationnel; il n’était pas à la première réunion avec le ressuscité et ils ne croient pas ce que les autres lui racontent.
On connaît la suite, et il finira par dire la première, la plus concise, peut-être la plus belle confession de foi: “mon Seigneur et mon Dieu”.

C’est à lui que Jésus dit, et à nous aussi par la même occasion “Heureux ceux qui croient sans avoir vu”.

 

Paul

Ça se passe bien après l’ascension, ce qui est très rassurant pour nous, mais c’est quand même une rencontre avec le Christ ressuscité. Dans le tableau du Caravage de Santa Maria del Popolo à Rome, il est comme frappé par la foudre et, du coup, tombe d’un énorme cheval! En fait, il était sûrement à pied…Mais, et il n’aura de cesse de le dire, sa vie, à dater de cette rencontre à été radicalement transformée.

 

Toutes ces rencontres sont différentes, très différentes même. Et cette diversité est, en elle-même, un enseignement.

 

C’est une conviction très profonde chez les protestants que la foi est personnelle, individuelle, sans intermédiation de clergé.

 

Nous sommes tous différents, comme étaient différents Jean, Marie-Madeleine, Thomas ou  Paul; nous pouvons même, au cours de notre vie changer. Issue d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ , la foi de chacun est particulière, comme cela a toujours été; dès les premiers temps de l'Église, la foi de Paul n’était pas exactement celle de Jacques ou de Pierre, par exemple.

 

Ce que nous disent ces textes, ces rencontres, c’est que Dieu lui-même choisit de rencontrer ceux qu’il aime un par un. La foi est certes un don de Dieu, mais ce n’est évidemment pas un paquet uniforme, sorti d’un distributeur automatique. L’amour de Dieu pour les hommes les prend un par un, il connaît chacun par son nom, chaque cheveu de sa tête. Le berger, nous est-il rappelé, connaît chacune de ses brebis, et pour en chercher une seule, abandonner provisoirement le reste du troupeau . La sainte liberté des enfants de Dieu, c’est non seulement la possibilité, mais l’exigence de vivre sa foi de façon unique et personnelle.

Il peut arriver, malheureusement, que les églises aient tendance à embrigader leurs fidèles, à les considérer un peu comme un troupeau qui doit être docile, la Genève de Calvin n’y a pas échappé,mais c’est une dérive qu’il faut combattre.

 

 

 

Le mot foi a deux sens, comme le mot “hôte” en français, qui est aussi bien celui qui accueille que celui qui est reçu.

Les théologiens distinguent la fides qua, la foi personnelle, le façon dont chacun croit, la foi vivante et confiante comme disait Luther, la dimension subjective de la foi et la fides quae, le corps de doctrine, le credo, le catéchisme, partagé avec la communauté chrétienne.

 

 

Pâques nous rappelle certes ce à quoi nous croyons, la résurrection du Christ. L’Écriture nous le dit, et méditer ensemble sur les textes lus au temps de Pâques nous permet de faire Église. Mais cette même Écriture, source majeure, nous montre aussi par la diversité des rencontres, des compréhensions le caractère très personnel, intime, de la foi de chacun.

 

Si la foi en Christ ressuscité n’est qu’une adhésion à une doctrine, qu’elle n’est plus une rencontre personnelle avec le Christ, cela conduit à un christianisme légaliste. Mais si la foi n’est pas nourrie par l’Écriture, la prédication, le témoignage, si elle perd son ancrage, elle devient un sentiment, une émotion.

 

C’est aussi ce que nous dit Pâques: nous croyons tous que le Christ est ressuscité, mais nous avons chacun notre rencontre avec ce Christ ressuscité, notre compréhension, notre approche.

 

Le message de Pâques est partagé par tous les chrétiens, l’Eglise universelle se réjouit de la bonne nouvelle. Mais pour que cette bonne nouvelle devienne un engagement, un ministère, nous avons à la vivre et à la faire vivre, de façon personnelle, intime.