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En attendant le baptême dans l'Esprit

Prédication du dimanche 21 avril 2024, par Olivier Welti

 

En attendant le baptême dans l'Esprit

Prédication du dimanche 21 avril 2024, par Olivier Welti

 

Lectures bibliques : 

  • Psaume 40, versets 6 à 10
  • Luc 24, versets 44 à 53
  • Actes 1, versets 1 à 9

 

Nous sommes encore, ce dimanche, dans l’attente de la Pentecôte, traduit du grec en : Cinquantième, alias La Fête de Shavu’ot Traduire: Semaines, 7 après Pessah, la Pâque juive.

Nos 2 lectures de Luc sont à la soudure entre l’Évangile et les Actes, et il y a un détail qui cloche. A la fin de l’Évangile de Luc, on est le soir du Premier Dimanche, après le retour des pèlerins d’Emmaüs, les Disciples sont assemblés, Jésus apparaît, puis est enlevé au ciel à Béthanie.

Alors qu’au début des Actes, l’ascension est racontée après 40 jours.

Ne soyons pas troublés par cette discordance, car pour finir son premier Livre, LUC a en tête le début de son 2ème livre, où il s’adresse à nouveau à Théophile. Et Théophile, c’est-à-dire « l’ami de Dieu » - tout comme vous- , ne va pas se formaliser d’une question historique, dans des écrits dont le but est de nous édifier. Quelle différence entre 40 jours et un soir, dans le temps de Dieu ? Les Disciples auraient besoin d’un temps de catéchèse d’étude de la préfiguration du Christ dans les Ecritures, depuis la Genèse jusqu’aux derniers « petits Prophètes » Zacharie et Malachie.

Mais il arrive aussi, que la réponse à une question latente vienne comme un éclair, ramenant le délai symbolique de 40 jours à quelques instants.

Nous nous intéressons à cette attente de la « venue de la Puissance d’en Haut ». On va se donner le temps, au tout début de l’histoire de l’Église, et donner 40 jours -aux Disciples- en proportion avec le délai des Fêtes juives.

Les disciples, qui ont suivi le Christ dans son ministère, puis sa mort, ont été bouleversés par la Résurrection mystérieuse, annoncée par Jésus, et attestée aux femmes par 2 anges selon LUC.

 

À la fin de son Évangile, Luc nous dit que le Christ vivant apparaît, et leur délivre de nouveaux enseignements. Il leur commente l’Ancienne Alliance. « ce qui est écrit à mon sujet, dans la Loi de Moïse, dans les livres des Prophètes et dans les Psaumes, tout cela devait s’accomplir » .

Il leur ouvre l’intelligence des Écritures ; Ainsi, il donne son interprétation : « Le Christ souffrira, sera relevé le 3ème jour, Le Changement radical pour le pardon des péchés Sera proclamé en son nom à tous, mais d’abord aux Juifs. Il les appelle « témoins » , et promet l’envoi de « la puissance d’en haut ».

 

2ème lecture, au début des Actes, il leur parle du règne de Dieu, Et confirme la promesse du baptême de l’Esprit.

Comment s’est passée cette attente ?

L’Évangile de Luc et les Actes ne livrent pas beaucoup de détails : Dans la joie, « ils se tenaient continuellement au Temple, à louer Dieu. » Cette louange devait être extraordinaire au vu de l’événement Inattendu et heureux, des retrouvailles avec le Christ.

Le sentiment enthousiaste, que le Royaume est proche.

Mais comment imaginer concrètement ce qui se passe dans l’intervalle d’attente de l’Esprit. Pour s’en faire une idée, étudions ce premier groupe Ecclésial : Qui sont les Disciples ? Que peuvent-ils, que vont-ils faire de ce temps accordé avant la prochaine Fête ? Il faudra bien s’autoriser un peu de spéculation sur leur manière de traverser cette période de joie, de partage, dans l’attente.

 

Alors, quel est cet embryon d’Église ?

Pour le former, Jésus a appelé de simples Galiléens : D’après Luc, pendant la première campagne de Guérisons et d’Annonce du Royaume, Jésus, après avoir donné un enseignement à la foule depuis la barque de Simon, les conduit vers une pêche quasi-miraculeuse : André, Simon-Pierre, Jacques et Jean fils de Zébédée. « Simon, n’aie pas peur ! désormais, ce sont des êtres humains que tu prendras ». Ils laissèrent tout, et le suivirent.

D’après Marc et Matthieu, Jésus appelle les mêmes sur la rive, ou dans leur barque, où ils s’occupent de pêche, Jésus leur dit : Venez, je vous ferai pêcheurs d’humains.

D’après Saint-Jean, c’est sur une courte prédication de Jean le Baptiste, accompagné d’André et de Simon, à savoir : « voici l’Agneau de Dieu », que les deux se mettent à suivre Jésus qui se retourne et leur dit « que cherchez-vous » ? Puis Jésus trouve Philippe « suis-moi ! », Nathanaël, lui, a simplement été aperçu par Jésus sous un figuier. Comme Zachée chef des Percepteurs, monté dans l’arbre, car trop petit pour voir Jésus. Et pour appeler Matthieu-Lévi, le percepteur : « suis-moi ». Quelle simplicité dans ces appels !

 

Ensuite, dans le groupe des Disciples, après une nuit en prière, il choisit 12 « Apôtres ».

Il envoie ces Douze deux par deux, en mission, pour chasser les démons, opérer des guérisons, et proclamer de la Bonne Nouvelle.

N’oublions pas, la même mission confiée aux Soixante -Douze, et la joie de Jésus à leur retour : « Je te célèbre, Père, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux gens intelligents, et que tu les as révélés aux tout-petits. »

Le groupe resserré des disciples, ce sont d’après Luc ch. 8 « Les Douze.. et quelques femmes guéries d’esprits mauvais, et maladies, Marie, que l’on appelle Madeleine, de qui étaient sortis 7 démons, Jeanne, femme de Chuza intendant d’Hérode, Susanne, et beaucoup d’autres qui se servaient de leurs biens pour les servir… »

 

Avançons : - Après l’apparition d’Emmaüs au soir du premier dimanche, les 2 pèlerins trouvent assemblés, les Onze, (12 moins Judas), avec d’autres… donc pas tout seuls, les 11. –

Au début des Actes, ce sont , je cite, « les Onze, réunis pour prier, et des femmes, Marie, mère de Jésus, et les frères de celui-ci ».

Les disciples sont donc des pêcheurs, des collecteurs d’impôts, d’autres hommes d’extraction modeste… Marie, et des femmes, dont certaines sont un peu aisées. D’après, notre vision de la constitution du groupe, ce ne sont pas de grands spécialistes des Écritures. S’ils ne comprennent pas de suite les paroles et les actes de Jésus, ils vont s’en souvenir.

 

Parmi les 11 Apôtres, se distinguent Pierre et Jean, qui ont mieux reçu la surprise de la Résurrection, et paraissent prêts à recevoir un temps de catéchèse, d’autres semblent encore être à se demander si le Royaume d’Israël sera bientôt rétabli dans sa forme d’autrefois, dont ils ont une idée très terre à terre.

Ce n’est que beaucoup plus tard, que viendront des docteurs, comme Paul, de culture juive et grecque, zélé persécuteur, qui après sa conversion, deviendra l’artisan de l’universalité. Mais ce sera bien plus tard.

Nos « petits" sont donc des Israélites pratiquants qui doivent avoir une culture « de base ». Les Apôtres venus de Galilée, parlent araméen avec un accent particulier. A priori, on peut penser qu’ils ont pratiqué la synagogue, le chant des Psaumes, les fêtes religieuses.

Pour faire des suppositions sur leur culture religieuse, on peut faire appel à l‘histoire. (Manuscrits de Qumran)

D’après les découvertes de Qumran, les Psaumes (39 exemplaires manuscrits complets), le Deutéronome (33), la Genèse (24), Ésaïe (22), l’Exode (18), Lévitique (17) sont majoritaires dans les textes d’AT retrouvés.

La lecture en Synagogue devait souvent se référer à ces textes. Le peuple chante les Psaumes. Il a souvent entendu: La Torah, traduite plus fidèlement par « Parole agissante de Dieu », Et Ésaïe (n°4 de la liste), et nous citons, Ésaïe 42 : le Serviteur, appelé pour la justice, pour faire l’alliance du peuple, être la lumière des nations, ouvrir les yeux des aveugles… », cité en Luc Plus loin: lumière des nations, pour que mon salut parvienne aux extrémités de la terre » Et encore : « il souffrira et sera rejeté » Et au chapitre 61« l’Esprit du seigneur est sur moi, envoyé annoncer une bonne nouvelle aux pauvres»

 

Le peuple pratique les prières rituelles, avec des passages très répétitifs. La prière personnelle du Shma Israël, récitée deux fois par jour au temps de Jésus. C’est une suite de bénédictions qui commence par le fameux « écoute, Israël, Dieu est unique » que nous venons de chanter.

Le Shma est précédé de 2 bénédictions La première bénédiction du Shma le matin loue Dieu (le Saint, Béni soit-il) pour le don de la lumière, elle contient aussi le Qadosh, ou « Sanctus » , Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaot, toute la terre est remplie de sa gloire. La Deuxième Bénédiction est pour le don de la Torah, l’homme répond à la Parole agissante de Dieu. Le croyant bénira alors, ce qui lui arrive. Par exemple, entendant le chant du coq « Béni soit Celui qui a donné au coq de distinguer le jour d’avec la nuit. » - on a bien changé avec les cloches et le procès du coq Maurice –

Au moment d’ouvrir les yeux, on pourra dire « Béni soit Celui qui rend la vue aux Aveugles ». Au moment de se coucher, « Béni soit Celui qui fait tomber la somnolence sur mes paupières Que ni rêves ni pensées mauvaises ne me troublent…

Les prières synagogales comprennent la Tefillah, ou Amidah. En 4ème page de la feuille de culte, est citée la 2ème bénédiction de cette prière, la Guevourot ou « Puissants ». Si vous n’avez pu encore la lire, vous verrez que Dieu est béni, car il accorde sa bonté, et sa puissance pour sauver, Qu’Il ressuscite les morts, guérit les malades, libère les liens.. Qu’il est fidèle pour faire revivre les morts..

 Étonnant… trop beau… . .eh, eh, il y a un mais : Certains pensent que la résurrection dont il est question pourrait s’apparenter au réveil du malade, où il se relève, ou bien le moment où réveille l’endormi. L’endormi dans la mort ?, Cette question avait déjà émergé, d’une réelle résurrection des morts, contre laquelle les Sadducéens au temps de Jésus, s’opposaient aux Pharisiens, qui en admettaient la possibilité, entrevue à la fin des temps.

Il est certain que les disciples et Jésus lui-même ont été imprégnés par ces prières journalières, sabbatiques, et festives, dont on retrouve la trace dans nos liturgies. Il y a une dose de répétition qui pourrait à force, en faire oublier le sens .

Jésus ne s’est pas laissé étourdir, il a insisté pour discerner les enjeux, et les mettre dans une bonne pratique, les accomplir.

 

Les Psaumes

Souvent, le Psalmiste, et le Prophète, disent une vérité pour leur temps, Mais c’est tellement essentiel profond et humain, qu’une partie de cette vérité proclamée, devient force de « prophétie » pour les temps futurs. Voyons quelques Citations : « Le Seigneur m’a dit : « tu es mon fils » Demande-moi, et Je te donnerai les nations comme patrimoine » « Ton Dieu t’a conféré une onction » (origine du mot Messie). « Assieds -toi à ma droite.. Tu es prêtre à jamais… ».

Le Psaume 133 que nous chanterons tout à l’heure : 12/16 Joie pour des sœurs et des frères, de demeurer ensemble Hinematov ou ma nahim, chevet arhim gam yarhad Hi ne ma tov, chevet arhim gam yarhad

Ce soir, Nous avons lu un extrait du Psaume 40. Le Psalmiste met en scène un homme de foi (David ?), qui proclame sa louange au Seigneur qui l’a remis debout, il recherche sa volonté, et donne réponse à Ses bienfaits. Malgré la religion de l’époque, exigeant des sacrifices, nous avons lu « Alors, j’ai dit : je viens moi-même à Toi. Dans le livre, je trouve écrit ce que je dois faire ». En d’autres traductions on trouve : « Alors j’ai dit : Je viens ! avec le livre-rouleau écrit pour moi », et aussi « dans le rouleau, c’est écrit à mon sujet ». Tout ceci suivi de l’annonce de la bonne nouvelle.

On peut penser que le Christ a lu ce Psaume, et a choisi de ne pas se référer aux codes sacrificiels de l’époque. Cet homme du Psaume 40 se redresse, vient, et recherche la volonté de Dieu, inspiré par les Écritures.

Paul, auteur de l’Épître aux Hébreux, recense les passages concernant le Christ, y compris le Psaume 40, dans une traduction étonnante. Je vous dis cela pour que vous alliez voir le chapitre 10 v5.

Mais attention à l’anachronisme, Paul fait un discours rhétorique, qui viendra beaucoup plus tard. On n’est même pas sûr que les Évangélistes aient eu connaissance de ses Épîtres.

Alors, que font les disciples dans le temps d’attente ?

Le Christ ressuscité a ouvert au disciples l’intelligence des Écritures de la Première Alliance.

nous pouvons avancer des hypothèses:

- Des prières de Louange à Dieu, nombreuses, répétitives, exaltées, à la mesure de l’événement : « il est Ressuscité » Hypothèse la plus sûre.

- Une recherche dans le souvenir des paroles de Jésus, soit : la préfiguration orale de nos Évangiles. Ils y sont aidés par Luc : « Ce qui est écrit à mon sujet »: souffrance, résurrection, Proclamation, Conversion, Pardon.

- Une recherche dans leurs souvenirs de Bible, des indices de l’existence et de la venue du Messie,

- Des discussions « pour ou contre » autour d’une supposée subtilisation du corps. Cette discussion est l’objet du 2ème procès au sanhédrin, qui a été joué en Lecture, Mise en scène des Actes de Pilate rue Madame le mardi 26 mars.

- L’interrogation en interne sur Jésus, dont le corps apparaît et disparaît.. Mais attention, cette supposition d’un doute paraît plutôt relever de nos conceptions plus modernes,

On voit ici les limites et les biais de notre recherche, C’est pourquoi je vous propose d’arrêter ici une spéculation, par principe hasardeuse.

En tout cas, cela devait faire pas mal de bruit dans le Temple, Causer des irritations. et faire surgir de fortes oppositions.

Et de nos jours, Après des siècles de Moyen Âge, d’absolutisme, Après le siècle des Lumières, jusqu’à notre XXI° sécularisé, Avec la montée des fanatismes et des empires, Avec la progression de l’intelligence dite « artificielle », qui pourrait bien devenir un instrument d’oppression Serons-nous encore capables De dire à Dieu « Je viens » ? Être des Témoins ?

À la suite du Christ, dire ce « je viens » , me pousse d’abord, à chercher le sens de l’Écriture Sainte, pour pouvoir trouver un appui ferme, dans la difficulté. Un bel appel à se ressourcer dans l’étude de l’Ancien, et du Nouveau Testament. Être des Témoins ? N’attendons pas, À nous, avec l’aide de l’esprit, de trouver dans le langage de notre époque, le moyen d’une annonce forte et efficace. Quant aux codes religieux, rien ne vous empêche de les remettre en question.

Vous êtes venus volontiers à ce dimanche communautaire, merci pour votre présence, Mais au fond, que cherchez-vous ? Je ne me hasarderai pas à vous suggérer des réponses, j’ai pris ma part de risques avec mes petites hypothèses sur la mentalité des disciples, hommes et femmes du Premier Siècle, leurs références scripturaires, leur manière de vivre l’événement.

Pour finir, une question autorisée : Que ferons-nous en attendant l’Esprit ? Pour beaucoup d’entre nous dans la difficulté, notre prière au Dieu puissant, vient naturellement sur nos lèvres, appelant à l’aide pour traverser l’épreuve. Alors, nous nous souvenons de la croix, au pied de laquelle nous déposons nos souffrances. Le Christ ressuscité est présent pour ceux qui croient en Lui. C’est encore mieux si nous sommes plusieurs ensemble. Mais si par extraordinaire, après plusieurs événements heureux, vous cherchiez à formuler une prière au Dieu de la Parole vivante (la Torah) alors qu’aucun motif sérieux ne s’impose à vous, que faire de ce temps d’attente ?

Et, comme les anciens, prononcez la louange pour la présence du Seigneur, la louange du jour qui vient, des miracles de l’Esprit, du repos de vos soucis , pour un temps de calme béni, avant de revenir cheminer dans une présence active au monde. Prions aussi pour la force de témoigner, sans craindre la violence des oppositions, pour arriver à dire ce par quoi nous vivons. Toutes sortes de missions nous appellent, la proclamation, la présence et le service à nos frères, la conciliation, la catéchèse des enfants, des proches, , la réflexion sur une écologie chrétienne…

Nous formerons bientôt le cercle autour de la Table du Seigneur, Et il nous nourrira de sa force spirituelle. C’est pourquoi, nous pouvons dire comme l’Apôtre Pierre : « Seigneur, à qui d’autre irions-nous qu’à Toi Tu as les paroles de la vie éternelle ».

 AMEN