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Quand le ciel s'ouvrira

Texte de la prédication du dimanche 12 février 2023, par la Pasteure Lina Wackwitz

 

Quand le ciel s´ouvrira

 

Prédication du dimanche 12 février 2023, par la Pasteure Lina Wackwitz

Lectures bibliques : Psaume 3, versets 2 à 9 ; 1 Jean 4, versets 7 à 10 ; Jean 1, versets 1 à 18

I Du haut des cieux, je viens
Quand vous êtes devant une église et vous levez les yeux vers le clocher : Qu´est-ce que vous voyez ? Rien d'autre que le ciel. L'endroit de Dieu. Ou au moins l´endroit où nous l´estimons.

Comme nous prions tous les dimanches : "Notre Père qui es aux cieux".

Lorsque nous prions avec ces mots, cela met aussi en évidence le grand écart entre Dieu là-haut et nous, les hommes sur terre.

Au commencement de toute chose, la Parole existait ; la Parole était avec Dieu, et Dieu était la Parole.

Au tout début, avant même que le monde ne soit créé, Dieu était déjà là. Et sa parole, ce qui donne un sens à tout sur notre terre, était avec lui dans cette sphère du ciel. Non matérielle, non tangible. Le contraire de notre terre, de nous les hommes, de tout ce qui est éphémère. 

 

 

II Le changement de camp de Dieu
Et le Parole est devenu un homme et a habité parmi nous.


Le premier chapitre de l'évangile de Jean raconte que Dieu se fait homme.

Ce n'est pas seulement au moment du baptême que le ciel s´est ouvert et que Jésus est proclamé Fils de Dieu, mais dès le début. Il descend de sa tour céleste sur la terre et vient habiter parmi nous. 

Dieu effectue un changement de camp.

De la sphère de l'inimaginable,

il devient lui-même un homme

afin de pouvoir être proche de nous.

Il ressent ce que nous ressentons.

Il vit dans sa propre chair les besoins et les angoisses,

les joies et les souffrances de sa création.

Et c'est ainsi qu'il se place à côté de nous, les hommes. "Homme" - cela vient du grec "homo" et signifie égal, semblable. Dieu se rend donc semblable à nous. 

Mais le mot homme a encore une autre origine. "Homme" - cela vient aussi du latin Humus - le sol, la terre féconde. Dieu vient sur la terre. Humilis - c'est ce qui est bas. Au sens propre du terme, cela signifie que Dieu s'humilie lui-même. 

Dieu se fait homme, et parmi nous, les hommes, il n'habite pas comme un roi, ni dans un palais de splendeur.

Il naît fils de charpentier.

En tant qu´un homme simple sans rang ni nom, il habite les lieux terrestres : Bethléem, Nazareth, Génézareth, Jérusalem. Et il ne reste pas pour lui-même, mais il va à la rencontre des hommes et s'adresse à eux. Il touche les gens avec ses mains, il leur frotte des crachats sur les yeux, il s'occupe des femmes qui saignent, il va vers les morts.

Tout ce qui est humain ne lui déplaît pas, à lui, le Fils de Dieu. Bien au contraire : c'est précisément dans cette corporalité qu'il se rapproche de nous.

Il touche nos corps et nos âmes.

Et c'est en cela que nous avons vu sa gloire. 

C'est ce temps de l'"être en dessous" que nous envisageons entre Noël et Pâques : le temps de l'incarnation de Dieu, le temps de Jésus sur terre. Sa naissance et son baptême, sa vie et son ministère, ses paraboles et ses miracles.

En passant par son entrée à Jérusalem, son humiliation par l'arrestation, l'interrogatoire et l'outrage à travers la ville, jusqu'à sa mort sur la croix.

À aucun moment de l'année liturgique, Dieu et l'homme ne se touchent autant que le Vendredi saint, jour de l'abaissement absolu et de l'élévation simultanée de Jésus. En aucun jour de l'année ecclésiastique, la douleur de Jésus ne se confond plus fortement avec nos propres douleurs et notre tristesse. 
 

 

III Quand le ciel s'ouvrira-t-il - pour moi aussi ?
Et notre douleur et notre tristesse sont grandes. 
Notre humiliation, notre propre sentiment d'être tout en bas. Humilié : par la violence extérieure, par le regard des autres, par le contexte social. 

 

Un tremblement de terre d'une ampleur inimaginable a secoué la Turquie et la Syrie cette semaine. Le nombre de morts atteint désormais 25.000 personnes. Et le sauvetage des personnes ensevelies, des blessés et des morts se poursuit. La photo d'un homme vêtu d'une veste orange fait le tour de la presse depuis plusieurs jours. Assis dans les décombres de sa maison, il tient la main de sa fille décédée. C'est une douleur insupportable. Qui déchire un être humain. 
Dieu, je te le demande, quand est-ce que le ciel s´ouvrira ? 


Depuis un an déjà, une guerre fait rage au cœur de l'Europe. Et la fin des souffrances n'est pas en vue. Au contraire, la guerre oblige de plus en plus d'États à prendre de graves décisions politiques.

Cette semaine, Macron et le chancelier allemand ont rencontré le président ukrainien Selenski au palais de l'Elysée et ont promis de l'aide : des armes et des chars. De l'artillerie lourde. Tout cela est censé aider et mettre fin à la guerre, et pourtant il est clair que les armes apportent la souffrance.  
Dieu, je te le demande, quand est-ce que le ciel s´ouvrira ?

 

Et aussi à plus petite échelle :

Chaque jour, d'innombrables personnes sont ébranlées, humiliées et rabaissées dans leur vie. 
Et ils se demandent : 
Quand est-ce qu'il y aura une fin à mes humiliations et à mes dégradations ?
Parce que je suis une femme
Parce que je suis née dans un pays où je n'ai pas les mêmes chances qu'ailleurs
Parce que je n'aime pas ou ne crois pas comme les autres l'attendent de moi
Parce que je ne suis tout simplement pas comme la société l'exige de moi : pas si mince, pas si beau, pas si adapté

Et ils se demandent : 

Quand est-ce que je serais finalement accepté?
Quand est-ce que le ciel s'ouvrira - pour moi aussi ? 
 

IV Tout est accompli
Au point le plus profond de l'histoire de Jésus, lors de sa mort sur la croix, l'espoir inexprimé de Pâques est déjà présent : l'espoir que tout n'est pas terminé avec la souffrance et la mort. L'espoir que ni l'histoire de Jésus, ni notre propre histoire ne sont terminées avec notre souffrance.  

À la fin de l'évangile de Jean, il est dit que Jésus ressuscite et s'en va au ciel auprès de son Père (Jean 20,17). L'évangile de Jean décrit un mouvement comme une parabole : du haut vers le bas et de nouveau vers le haut. 

Cette espérance de Pâques - la rencontre paradoxale de l'abaissement de Jésus et de son élévation simultanée - ne s'exprime dans aucun autre évangile avec autant de force que chez Jean. 

Le grand martyre, l'effroyable cri sur la croix, "Mon père, mon père, pourquoi m'as-tu abandonné ?", que nous connaissons de Marc et de Matthieu - Jean ne le connaît pas. Au lieu de cela, Jésus ne dit qu'une seule phrase sur la croix :

Tout est accompli ! 

Chez Jean, dès le début, Jésus est le Fils de Dieu, le Christ : le Verbe incarné, venu dans le monde pour racheter le monde de son péché. Cela est rapporté dès le premier chapitre de l'évangile de Jean. La mission de Jésus, le Pour que, est le guide de lecture de cet évangile.
Et c'est pourquoi Jean fait intervenir Jésus avec une si grande autorité :

Il accomplit des signes et des miracles,

transforme l'eau en vin,

marche sur l'eau et fait même revivre un mort.

Sur le chemin vers la croix, il ne doit y avoir aucun doute : même dans la souffrance, Jésus est le Christ.
 

V La bonne nouvelle
Je crois que le mouvement de la parabole que nous trouvons dans l'évangile de Jean ne se rapporte pas seulement à Jésus lui-même. Et je crois que c'est précisément ça, la bonne nouvelle de cet évangile. 

Nous sommes – nous aussi – des enfants de Dieu.

Nous sommes voulus par Dieu.

Sous le regard de Dieu, notre existence ne commence pas dans l'humiliation, mais dans le respect et la reconnaissance : nous aussi, nous sommes avec Dieu.

Car „homme“ – cela signifie semblable : Et ce n´est pas seulement que Dieu et devenue semblable à nous, mais c´est au commencement que nous sommes devenus des hommes, crée par Dieu comme une image de Dieu, une image qui lui ressemble.

 

Et pourtant, nous vivons sur cette terre qui, à côté de toute la gaieté et de l'amour, représente aussi pour nous la douleur, la tristesse et l'humiliation. L'espoir de la parabole réside dans le fait que ces humiliations ne sont pas la fin. Même si la douleur et la tristesse sont parfois insupportables.

La souffrance n´est pas le point final de notre histoire.

L'espoir dont parle l'évangile de Jean, c'est que l'espérance de la résurrection ne se manifeste pas seulement à la fin de l'histoire, pas seulement à Pâques.

Cette espérance s´emmêle dès maintenant dans notre vie.

Ici et aujourd'hui.
 

Face à l'humiliation du monde, cela semble inconcevable.

Oui, même impossible. 
Mais l'espoir chez Jean, c'est justement cela : 
que l'impossible peut devenir possible. 
L'eau se transforme en vin. 
Les morts ressuscitent. 
Un nouveau-né est retrouvé dans les décombres d´une maison.
Et le ciel s'ouvrira - pour moi aussi. 
Amen.