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"Viens !"

Texte de la prédication du dimanche 13 août 2023, par Christine Décamp

Viens !

 

Texte de la prédication de Christine Décamp, dimanche 13 août 2023.

Série "Qui est-il ?", 2/4.

 

Lectures bibliques :  1 Rois 19, versets 9 à 13 et Matthieu 14, versets 22 à 33

 

 

 

Marcher sur l’eau avec Jésus : un témoignage exclusif de Pierre

Mes amis, il m’est arrivé quelque chose d’incroyable ! Il faut absolument que je vous raconte...

La semaine dernière, j’étais avec mes compagnons sur les bords du lac de Galilée. Notre ami Jésus (dont je vous ai déjà parlé), a encore accompli un miracle. Après nous avoir parlé du Royaume de son Père, il a nourri une foule immense, des milliers de personnes, avec seulement 5 pains et 2 poissons ! Comme ça, tout simplement, en les partageant et, il y avait même des restes…

Mais, attendez, il y a encore plus incroyable : Jésus, après cela, a marché sur l’eau ! Et moi aussi, figurez-vous ! Enfin presque… 

Il commençait à faire nuit, les gens rentraient chez eux, et puis, Jésus nous a demandé d’embarquer, sans lui, pour le trajet du retour. Il nous rejoindrait plus tard, après son temps de prière. Le vent commençait à souffler fort et la visibilité se réduisait. Je vous avoue qu’avec mes camarades, nous n’avions pas franchement envie d’y aller mais personne n’a osé contredire Jésus...

Alors, nous voilà partis, nous éloignant peu à peu du bord. Certains s’étaient endormis, d’autres discutaient au clair de lune. Quand tout à coup, Jésus apparût marchant sur l’eau, glissant sur les vagues, entouré d’une lumière éclatante en pleine nuit. Nous avons d’abord cru que c’était un fantôme, nous avons eu la trouille de notre vie… Mais je vous assure que c’était bien lui. Il nous a dit : « Courage les amis ! C'est moi, Jésus, n'ayez pas peur ! »

C’était tellement improbable que j’ai voulu vérifier par moi-même. Vous me connaissez, j’aime bien le titiller Jésus. Je suis toujours le premier disciple à lui poser la question qui fâche, celle que personne n’ose poser... C’est à ce moment-là qu’il m’a appelé : « Viens, Pierre, rejoins-moi sur l’eau ! » J’ai donc mis un pied en dehors de la barque, je n’en menais pas large. Puis un deuxième, et là je commençais à m’enfoncer dans l’eau, jusqu’aux genoux, jusqu’à la taille, jusqu’au cou… alors j’ai crié au secours et là Jésus m’a tendu la main. Il m’a attrapé par le bras avec une telle force, une puissance qui semblait venir d’ailleurs et m’a ramené sain et sauf au bateau puis sur la rive. J’étais tout mouillé… et au retour, il m’a passé un de ces savons, je peux vous dire que c’était un mauvais quart-d’heure à passer...

Je grelottais, mes jambes tremblaient, je n’en revenais pas de ce qui venait de se passer. Pourtant, oui, Jésus avait bel et bien survolé le lac et m’avait sauvé de la noyade, de la tempête de mes angoisses et de mes faiblesses. Je n’étais pas tout seul car il se tenait à mes côtés, même aux portes du désespoir et de la mort. J’en suis sorti mouillé, tout mouillé de cette expérience, je sens que je ne suis plus le même désormais depuis que Jésus, le Fils de Dieu, m’a sauvé.

Alors, mes amis, je vous le dis :

Si vous voulez marcher sur l’eau, il faut d’abord sortir du bateau !

 

Prédication

 

Mes frères et sœurs,

Je crois que Pierre, à l’instant, vous a témoigné de ce qu’il avait vécu d’extraordinaire sur le Lac de Galilée. Il vous a dit à quel point il avait été étonné de voir Jésus marcher sur l’eau et comment sa vie avait été transformée après cet épisode. Celui qu’il prenait d’abord pour un fantôme était en réalité son maître Jésus, son ami qui l’a encouragé à sortir de sa barque et son sauveur qui l’a arraché in extrémis des vagues du doute et du désespoir.

Le regard de Pierre et des disciples présents a changé après cet épisode. Celui qui les accompagne depuis des mois à travers les différents villages de Galilée n’est vraiment pas un homme comme les autres… Il surprend à chaque fois par ses gestes et ses paroles dévoilant peu à peu son identité.

 

Mais qui est-il ?

En voilà une bonne question ! Une question qui travaille les hommes depuis longtemps et qui n’a pas fini de faire couler de l’encre… Peut-être que certains ont déjà trouvé la réponse tandis que d’autres cherchent encore. Je vous rassure : cette question nous travaille tous et il n’existe pas une seule bonne réponse. Notre réponse peut être différente de celle de notre voisin car elle est nous est toute personnelle et surtout parce qu’elle révèle la relation personnelle que nous avons avec Jésus.

Voilà pourquoi nous avons choisi, avec le pasteur Christian Baccuet et Moïse Mounkoro, de nous poser la question, en ce mois d’août : « Jésus, qui est-il ? » Au fil de nos lectures de l’Évangile de Matthieu, nous allons trouver des indices, des témoignages vivants de ceux qui l’ont côtoyé. Nous allons ainsi cheminer ensemble avec Jésus-Christ qui nous appelle à le rejoindre pour découvrir un peu plus qui est-il mais aussi, par la même occasion, qui sommes-nous.

 

Qui est-il cet homme qui marche sur l’eau ?

Dans la faible lueur de l’aube qui s’annonce, nos disciples embarqués malgré eux sur le lac de Galilée, voient s’approcher une apparition étrange, comme un fantôme. De quoi être bien effrayé… Surtout qu’il a les traits d’un homme qu’ils connaissent bien et qu’ils ont quitté bel et bien vivant, le soir même, sur le rivage.

Si nous remontons un peu le fil de l’histoire, nous retrouvons déjà nos disciples dans une situation critique, quelques heures auparavant, face à une foule immense affamée avec seulement 5 pains et 2 poissons en poche. De quoi être là encore dans la tourmente…

Sauf que cela n’a pas l’air de poser de véritable problème à Jésus qui arrive à gérer les stocks disponibles de manière très efficace puisqu’il y a même des restes après le repas ! Il se montre lui-même ainsi comme le vrai pain de vie pour tous. « Je suis le pain de vie qui est descendu du Ciel » comme il dira à travers les mots de l’évangéliste Jean.

Parler à une foule immense, donner à manger à des milliers de personnes, guérir de nombreux malades, voilà le programme d’une journée bien remplie dans l’agenda de Jésus. Il semble tout accomplir avec une déconcertante facilité mais voilà, le soir venu, il ressent tout de même le besoin de s’isoler et de prier. C’est là tout le côté humain de Jésus qui nous parle car nous connaissons bien ce besoin de calme et de silence après avoir pris un bain de foule. C’est notamment ce que nous venons chercher ici, dans ce moment de culte, une pause sereine au milieu de nos vies agitées. Une halte qui nous recharge et nous reconnecte directement à notre essentiel, Dieu. Jésus avait bien le droit, lui aussi, de recharger ses batteries.

 

Des disciples seuls en pleine galère…

Voilà comment les disciples se retrouvent seuls, au large, en pleine tempête, sans Jésus… Ils ont dû, à ce moment-là, regretter d’être partis sans lui… Nous connaissons tous cela : les moments de tempêtes, les vagues d’émotions qui nous submergent, les flots de doute qui nous secouent. Des instants de souffrance, d’angoisse où nous sommes bien seuls… 

Et pourtant c’est là, au creux de la tempête, que Jésus apparaît. Qu’il se manifeste là où nous ne l’attendions pas, où nous ne l’attendions plus. C’est là qu’il nous dit : « Prends courage, mon frère, car c’est moi. Je suis là et je ne te laisserai pas couler. »

 

« Courage ! C’est moi. » Ah enfin Jésus répondrait-il à notre question ? Se dévoilerait-il un peu plus ? Cette phrase nous fait penser au dialogue de Moïse avec Dieu, dans le livre de l’Exode, au cœur du buisson ardent, lorsque ce dernier se révèle ainsi au prophète : « Je suis qui je suis » ou « je suis qui je serai ». Cela reste très mystérieux comme réponse… Un peu comme quand on veut se débarrasser d’une question gênante d’un enfant : « Pourquoi ci ? Et pourquoi ça ? » et qu’on lui répond : « C’est comme ça et puis c’est tout ! »

C’est une réponse un peu tranchée mais qui affirme la présence du Christ et qui invite à la confiance. Oui c’est moi, je suis là aujourd’hui et je serai encore là demain, nous dit-il. Tu ne peux pas me voir, ni me palper, ou me concevoir de manière rationnelle, mais je suis bien là. Jésus se laisse voir comme l’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous », « Dieu parmi nous ».

 

Un Dieu inattendu

Combien de fois ne sommes-nous pas surpris de la façon dont Dieu se révèle à nous ?

Nous voyons Jésus débarquer au cœur de la tempête, en pleine galère, à tel point que les disciples ne le reconnaissent pas tant qu’il ne leur a pas parlé.

Dans le livre des Rois, le prophète Élie se laisse également surprendre par un Dieu qui se révèle dans un silence, une faible brise. Le prophète le cherchait au mauvais endroit. Dieu n’est pas présent dans l’orage, ni dans le tremblement de terre ou dans le grand feu. Pas d’effet spécial de cinéma pour Dieu mais tout simplement un léger souffle, presque imperceptible.

Lorsque l’on vit un temps de crise et de tempête intérieure, il suffit parfois de quelques mots d’un voisin, le regard bienveillant d’un collègue, le sourire lumineux d’un enfant pour tout changer. C’est là discrètement que Dieu nous parle et se rend présent à nos côtés. Même quand on est aux abonnés absents, Dieu trouve toujours le moyen de nous joindre ! Grâce à son amour immense et à son espérance vivifiante, il maîtrise nos tempêtes, domine nos peurs et glisse dessus finalement comme s’il marchait sur l’eau !

 

Un Dieu de relation

Ce que cherche Dieu, avant tout, c’est entrer en relation avec nous. Il ne vient pas juste une fois nous sauver de notre crise d’angoisse et, pouf, repart aussitôt vers les cieux. Au contraire, il vient pour entamer une relation à longue durée. Dieu nous propose un CDI : un Compagnon à Durée Infinie ! Voilà une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui !

Toi, mon enfant, « tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». Voilà ce que Dieu veut nous dire et ce qu’il essaye de nous faire comprendre chaque jour. Seulement, nous avons la tête dure et nous avons tendance à faire notre vie, de notre côté, en l’oubliant…

 

Un Dieu qui appelle

Alors c’est là que Dieu nous appelle à le rejoindre. « Viens, Pierre ! Rejoins-moi sur l’eau, sors de ta barque et ose faire confiance ! » 

C’est ainsi qu’il entre en relation avec nous, par cet appel, cet encouragement à sortir. C’est alors que nos pas sont encore vacillants, que nos pieds s’enfoncent et que, comme Pierre, nous pensons couler. Car ce n’est pas si facile de sortir de notre bateau. Quitter notre confort et nos habitudes rassurantes, aller au dehors, faire le saut dans l’inconnu. Pour cela, il faut sacrément de confiance. Et faire confiance, c’est prendre un risque car on n’est jamais sûr de soi, ni de l’autre. La confiance elle est à double sens c’est croire en l’autre mais aussi en soi-même.

Mais si Jésus appelle Pierre à le rejoindre sur l’eau c’est qu’il sait qu’il en est capable et qu’il croit en lui. Et ensuite, lorsque le doute commence à envahir le disciple et manque de le faire couler, son cri d’appel « Seigneur ! Sauve-moi ! » est plein de confiance. C’est une réelle confession de foi en Jésus ! Confiance et foi sont voisines car elles ont les mêmes racines. Pierre a une foi encore fébrile, vacillante mais qui ne demande qu’à croître et, ce qui est le plus important, qui est entrée en relation avec le Christ.

Ensuite, lorsque Pierre et Jésus rejoignent la barque, aussitôt la tempête s’arrête. C’est le temps de la rencontre parfaite entre les deux hommes. Un moment de véritable communion où toutes les peurs disparaissent et laissent place à une relation de confiance. Pierre a trouvé son CDI, son Compagnon à Durée Infinie !

 

Un Dieu avec nous

Au final, au-delà des noms que l’on peut lui donner, des étiquettes ou des catégories dans lesquelles le ranger. Qu’il soit, pour nous, le Christ, le Sauveur ou encore le Fils de Dieu, Jésus est, avant tout, celui qui est présent pour chacun d’entre nous. Jésus Emmanuel, « Dieu avec nous », est celui qui partage nos angoisses, se révèle au creux de nos tempêtes et ne nous laisse pas sombrer. À chacun de reconnaître la présence discrète et inattendue de Jésus qui nous dit : confiance, n’ayez pas peur car je suis avec vous, hier déjà, et demain encore. 

 

« Je ne vous promets pas que la traversée sera facile

Mais je vous assure une arrivée à bon port. »

Amen.