Je vous donne un commandement nouveau
Je vous donne un commandement nouveau
Prédication du dimanche 18 mai 2025, par Nicolas Chaine
Lectures bibliques:
- Lévitique 19, verset 18
- Romains 13, versets 8 à 10
- Philippiens 2, versets 2 à 5
- Jean 13, versets 34 et 35
Le texte du jour : Je vous donne un commandement nouveau…..est bien connu, depuis le catéchisme.
Le contexte: le soir du jeudi qui précède immédiatement la passion.
Dans les synoptiques il y a essentiellement, ce soir-là, l’annonce de la trahison de Judas et l’institution de la Cène.
Chez Jean il y a en plus le lavement des pieds et ces paroles de Jésus : Je vous donne un commandement nouveau c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés.
Comme si à la toute fin, après ces trois années passées à faire comprendre son enseignement aux disciples, il avait voulu le résumer, en extraire l’essentiel.
Les disciples ont dû être surpris que Jésus qualifie de nouveau ce commandement; ils connaissaient la Loi et les prophètes par cœur: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis l’éternel, c’est dans le Lévitique;
Paul pourra même dire plus tard dans l’épitre aux Galates: Car toute la Loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci, tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel.
Alors pourquoi Jésus parle-t-il de commandement nouveau?
L’adjectif employé par l’évangéliste pour qualifier de “nouveau” le commandement n’est pas neos qui voudrait dire nouveau dans le temps, mais kainos qui signifie nouveau dans sa nature, dans sa qualité.
Arrêtons-nous là un instant. On voit tout de suite que la mesure a changé; il ne s’agit plus d’aimer son prochain comme soi-même, Jésus dit Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Cette mesure, à ce moment-là, les disciples ne peuvent probablement pas bien l'appréhender: même si Jésus vient encore leur rappeler l’imminence de sa mort, sans doute n’ont-ils pas mesuré toute la portée de cet avertissement.
Ce n’est que dans quelques heures ou jours qu’ils comprendront que le Christ a tant aimé les hommes qu’il a donné sa vie pour eux.
Le commandement en ce sens est nouveau, ce n’est pas une redite de l’ancien testament. C’est comme une régénération opérée en nous par le Christ.
Quand j’ai communiqué à Loup le titre de la prédication Je vous donne un commandement nouveau, Loup m’a proposé 4 images pour l’illustrer; c’étaient 4 cœurs. J’ai d’abord été étonné, me demandant même si mon message était bien clair. Et puis très vite j’ai pensé aux paroles d’Ézéchiel 36 : Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
La résonance entre ce passage d’Ézéchiel, qui est une promesse (futur, je vous donnerai) et notre passage de Jean, un ordre divin (au présent, je vous donne, le mot employé est le même que pour les 10 commandements dans la Septante), m’est apparue comme une évidence.
Le cœur nouveau, ce n’est pas le fruit de notre repentance, de nos bonnes dispositions, c’est une action de Dieu JE vous donnerai, dit Dieu.
Et il en va un peu de même pour le nouveau commandement. Luther le dit très bien quand il s’arrête sur ce passage: Ce que le Christ commande ici, il le fait aussi en nous par son Esprit.
Pour un chrétien l’amour du prochain est un fruit de la foi, et la foi est un don de Dieu.
Toujours Luther: La Foi est une lumière divine dans le cœur. /Elle nous montre le Christ, et ensuite elle fait naître en nous un cœur nouveau qui aime Dieu et le prochain.
Incidente: les chrétiens n’ont évidemment pas le monopole de l’amour du prochain, et il y a de multiples exemples, chez des non-chrétiens d’amour du prochain jusqu’aux plus grands sacrifices. On ne pouvait pas citer tout le chapitre 13 de Jean, mais c’est plus difficile de prendre au pied de la lettre ce qu’il dit ensuite: c’est à cet amour mutuel qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. L’amour mutuel n’est évidemment pas le monopole des chrétiens.
Mais ce qui est spécifiquement chrétien c’est de vivre cet amour du prochain comme une grâce reçue.
Le Christ est à la fois le modèle et la source de cet amour du prochain. Le commandement nouveau ne supprime pas la Loi, mais il l’accomplit. À cet égard, le lavement des pieds, qui précède immédiatement notre péricope, et ce n’est pas un hasard, est une illustration de ce commandement nouveau.
Pour un chrétien, l’amour du prochain devrait être la manifestation d’une vie renouvelée par l’esprit que le Christ nous a donné et nous donne.
La nouveauté chrétienne, ce n’est pas une ou des règles, c’est la personne du Christ, présent ce soir parmi nous.
Nous sommes encore dans la lumière de Pâques: la résurrection nous montre que l’amour est plus fort que la mort. L’amour du prochain est à la fois le fruit et le signe de la résurrection.