"Cherchez et vous trouverez" par Moïse Mounkoro — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg
Menu
Navigation

"Cherchez et vous trouverez" par Moïse Mounkoro

Prédication du 28 juillet 2019, par Moïse Mounkoro

Prédication : “Cherchez et vous recevrez”.

Lectures bibliques : 
Genèse : 18, 20-32
Luc : 11, 1-13

“Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira la porte.Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l'on ouvre la porte à qui frappe”.

Ce verset fait sans doute partie des versets les plus connus et les plus populaires de la Bible. Cherchez et vous trouverez, quelle promesse ! Et en plus venant de Jésus.

Pour notre méditation de ce dimanche, je vous propose donc de nous arrêter sur cette promesse ou sinon ces promesses de Jésus faites à ces disciples. Dans un premier temps nous allons voir dans quel contexte Jésus a prononcé ces mots. Et ensuite nous verrons dans un deuxième temps comment nous chrétiens d'aujourd'hui, nous pouvons comprendre cette promesse. Faut-il prendre cette promesse à la lettre et se dire  : Dieu exauce tout ce que nous lui demandons ?


“Cherchez et vous trouverez”, le contexte

Avant d’essayer de répondre à cette question, voyons donc d’abord dans quel cadre Jésus fait cette promesse : “Cherchez et vous trouverez”.Dans  Luc chapitre 11 (du verset 1 à 13) que nous venons de lire, l’auteur nous dit que Jésus était “en un certain lieu”,  sans donner de lieu précis mais plus globalement on sait tout de même qu’il se trouvait dans une plaine. Il a prié pendant des heures et quand il finit de prier un de ses disciples s’adressa à lui : apprends-nous aussi à prier. 

Jésus accepte et recommande à ses disciples à ce moment là la prière qui est connue aujourd'hui comme étant “Le notre Père”. Quand vous priez dit Jésus, dites : “Père, que tous reconnaissent que tu es le Dieu saint ; que ton Règne vienne.Donne-nous chaque jour le pain nécessaire.” La suite de cette prière, nous la connaissons.

Après avoir appris à ses disciples comment prier, Jésus enchaîne avec une parabole pour illustrer son propos, comme c’est le cas chez lui très souvent.

Dans cette parabole il dit à ses disciples : imaginez quelqu'un qui va frapper à la porte de son  ami très tard la nuit et lui demande trois pains afin de pouvoir donner à manger un visiteur imprévu. Et Jésus nous dit que même si cette personne qui dort déjà ne se lève par par amitié pour donner du pain à son ami il finira par se lever pour le faire à cause de l’insistance de celui qui veut du pain pour son invité. Et c’est pourquoi on appelle souvent cette parabole, la parabole de l’ami importun.

C’est à la suite de la parabole de cet ami qui dérange pour avoir ce qu’il veut que Jésus déclare : 

“Et moi, je vous dis : demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira la porte.Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l’on ouvrira la porte à qui frappe.”

Pour revenir au contexte, cette prédication de Jésus fait partie en fait de ce qu’on appelle “le sermon dans la plaine”. Elle serait précédée du sermon sur la montagne qu’on retrouve dans le livre de Matthieu, les deux textes sont presques identiques.

Le sermon dans la plaine ou sur la montagne ?

Certains théologiens pensent d’ailleurs qu’il s’agit du même sermon mais rapporté différemment par Matthieu et Luc. D’autres au contraire défendent l’idée selon laquelle le sermon aurait été donné par Jésus dans différents endroits d’où le fait que Luc nous dit que Jésus se trouvait dans la plaine et Mahieu lui, nous dit qu’il était sur la montagne.

Mais finalement, peu importe le lieu où Jésus se trouvait c’est le contenu de ce sermon (considéré comme son plus long sermon) qui nous intéresse.

C’est dans ce sermon que nous avons par exemple le texte des béatitudes où Jésus fait une prédication, inhabituelle, je dirai même une prédication de rupture.

 “Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre ; si quelqu’un te prend ton manteau, laisse-le prendre aussi ta chemise.Donne à quiconque te demande quelque chose, et si quelqu’un te prend ce qui t’appartient, laisse faire ne réclame rien. Ne portez de jugement contre personne ; ne condamnez pas les autres ; pardonnez aux autres et Dieu vous pardonnera.” 

Dans ce long sermon de Jésus on a aussi des phrases cultes comme “Enlevez d'abord la poutre de votre œil avant d'essayer d'enlever la paille qui est dans l'œil de votre frère. Pourquoi m'appelez-vous « Seigneur ! Seigneur ! » alors que vous ne faites pas ce que je vous commande ? Ceux qui suivent ces paroles qui sont les miennes construisent sur le roc et survivront, ceux qui ne le font pas construisent sur le sable et seront détruits.” 

Et c’est donc vers la fin de ce long sermon que Jésus dit ceci : “Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira la porte.Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l’on ouvrira la porte à qui frappe.”

 

Cherchez et vous trouverez, quelle bonne nouvelle !

On peut se poser la question de savoir : mais pourquoi Jésus prononce ces mots à ce moment précis de son enseignement ?

L’une des réponses à mon avis c’est que Jésus voit à ce moment là que les 12 disciples qu’il vient de choisir ont peur après avoir entendu ce long sermon.

Ils devaient peut-être se demander  : “Comment je peux aimer mes ennemis, comment je peux ne pas juger les autres, comment je peux tendre la joue gauche quand on me frappe sur la joue droite.”

Chacun des disciples devait se dire : “Oh mon Dieu, comment je peux vivre tout cela, je ne le sens pas, je ne me sens pas capable d’obéir à tes commandements. Tu exiges une âme de pauvre, un cœur pur, la vérité, la compassion, un esprit indulgent, une vie intègre, l’amour des autres, le don de soi, la charité.”

Comme ces anciens disciples, nous aussi nous nous demandons souvent comment nous pouvons vivre tout ce que Jésus nous demande dans ce sermon. Et des fois nous nous sentons impuissants.

Mais dans ce sermon qu’il soit dans la plaine ou sur la montagne je trouve que Jésus nous apporte une bonne nouvelle.

“Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez”. A travers ces mots Jésus tout d’un coup nous éclaire, il semblait dire à ses disciples mais aussi à nous ses disciples d’aujourd’hui  : “Oui, je le sais, vous n’avez pas toujours la capacité d’observer toutes mes instructions. Je sais bien que la puissance et la sagesse vous font souvent défaut. Je connais vos limites. Vous avez déjà chuté plusieurs fois. Nous n’avez pas toujours su aimer comme je l’aurais voulu. Vous avez souvent regarder derrière au lieu de venir à ma suite. Oui, je le sais. Mais faites-moi confiance. Demandez, et je vous donnerai ce qu’il vous manque pour pouvoir me suivre.”

Cette promesse de Jésus se transforme alors en une parole libératrice. Lui qui a dit : “Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver”. 

“Cherchez et vous trouverez”. Si Jésus n’avait pas prononcé ces paroles à la fin de ce long discours, de ce long sermon dans l’évangile de Matthieu et de Luc,  nous serions peut-être tous réduits au désespoir, décourager de le suivre à chaque fois que nous lisons le texte des béatitudes et le reste de la prédication de Jésus dans la plaine.

Mais avec ces mots en guise de conclusion Jésus nous donne une lueur d’espoir en nous promettant de nous aider pour vivre selon sa volonté. 

Cherchez et vous trouverez viennent nous rappeler ce qu’est réellement Dieu. Un Dieu d’amour qui nous aide à nous relever chaque fois que nous tombons. Un Dieu qui est à nos côtés quand nous sommes au bord du découragement. 

 

Faire comme “l’ami importun”

En plus, ici Jésus nous incite à importuner Dieu, à ne pas avoir de la gêne à le prier encore et encore.

Comme c’est le cas dans la parabole DE L’AMI IMPORTUN qui insiste auprès de son ami pour qu’il se lève pour lui donner trois pains. “Je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner, parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité et lui donnera tout ce dont il a besoin”.

La persévérance dans la prière, c’est ce que fait également Abraham dans le texte de la genèse que nous avons lu. Dieu s’apprête à détruire Sodome et Gomorrhe deux villes auxquelles il reproche de commettre des péchés de toute sorte. Et voilà Abraham dont le neveu Loth se trouve à Sodome prie avec insistance le Seigneur de renoncer à son projet.

“Vas-tu supprimer le juste avec le méchant”, demande Abraham à Dieu et puis il insiste. Peut-être il y a 50 justes dans la ville. Et Dieu lui répond : “S’il y a 50 justes je ne détruira pas la ville”. ABraham poursuit : et s’il y a 45 justes dans cette ville, 20, 10 vas-tu toujours la détruire ?

Abraham ne lâche pas le morceau, il insiste. Et c’est peut-être cet exemple que Jésus nous invite aussi ici à suivre quand il dit : cherchez et vous trouverez. 

Pour autant faut-il voir dans ces mots de Jésus "Demandez et il vous sera donné", une sorte de chèque en blanc qui permettrait à nous chrétiens d’obtenir tout que nous demandons ? Une sorte de parole magique qu’il faudrait dire pour obtenir ce que l’on fait. Je crois que notre expérience spirituelle et personnelle nous donne très vite la réponse. Non, Jésus ne nous donne pas la garantie absolue que tout ce que nous demandons trouvera une réponse favorable auprès de Dieu. Il serait illusoire d’interpréter la promesse ainsi. 

 

Demander, chercher, frapper, tel un voyageur

Une autre manière de comprendre cette promesse de Jésus serait de se poser la question de savoir que signifie pour moi : Demander, chercher, frapper ?

Demander, chercher, frapper. Trois verbes. Trois actions de la vie quotidienne. À quoi vous font-elles penser ?

Alors que beaucoup d’entre nous s’apprêtent à prendre la route des vacances d’été,  à voyager pour avoir un petit moment de répit, curieusement demander, chercher, frapper sont des gestes que pourrait accomplir un voyageur en chemin vers une quelconque destination. Avant de voyager, on s’informe tout d’abord sur l’itinéraire à suivre auprès des gens qui connaissent l’endroit. Et puis on cherche la route qui mène au lieu où l’on veut se rendre. Une fois arrivé à destination, que fait-on ? 

On frappe à la porte afin qu’on nous laisse entrer, et quand on rentre on échange, on discute, on fait connaissance avec ceux qui sont là. Cette séquence d’actions est comparable à celle présentée par Jésus dans son enseignement. Demander, chercher, frapper. Ce sont des verbes d’action, comme pour dire que notre recherche doit être continuelle, perpétuelle. Il ne s’agit pas de demander, chercher et frapper, trouver et puis s’arrêter là, il y a tout le temps de l’échange avec les autres.

Cherchez et vous trouverez, c’est un appel à vouloir entrer en perpétuelle communion avec le Christ, à chercher chaque instant à faire un voyage vers Dieu, afin de pouvoir frapper et entrer dans son intimité. Une fois en face de lui, on s'assoit, on se met à table avec lui, on discute avec lui et lui avec nous.

Que le Seigneur lui-même nous aide à faire ce chemin vers lui. Amen.