Prédication : “Moi Jésus, je ne suis pas un fantôme” — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Prédication : “Moi Jésus, je ne suis pas un fantôme”

Prédication du dimanche 18 Avril 2021, par Moïse M

Lectures bibliques : 

Jean 2, 1 – 5

Luc 24,35 – 48

Avant d’aller loin, il est important qu’on se rappelle le contexte du passage que nous venons de lire.

Chez l’évangeliste Luc, l’expérience de la résurrection de Jésus est relatée en trois séquences. 

1- La première séquence c’est la constatation du tombeau vide très tôt le matin au troisième jour de la mort du Christ par un groupe de femmes parmi lesquelles se trouve Marie de Magdala. «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est pas ici, mais il est revenu de la mort à la vie”, annoncent deux anges aux femmes découvrant le tombeau.

Les femmes retournent immédiatement parler de leur expérience aux disciples qui peinent à les croire. Beaucoup trouvent absurde ce qu’elles racontent. Pierre court au tombeau pour aller vérifier par lui-même et découvre effectivement que le tombeau vide. Là, c’est la première séquence de la résurrection de Jésus chez dans l’évangile selon Luc.

2- La deuxième séquence c’est quand Jésus rejoint sur le chemin deux disciples qui se rendent dans le village d’Emmaüs situé à deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient des dernières nouvelles de Jérusalem, et comment ils avaient été choqués par la mort de celui qu’ils pensaient deviendrait le roi d'Israël.

C’est à ce moment-là que Jésus les rejoint sur le chemin. Mais au premier abord ils ne le reconnaissent pas. Ils n'imaginaient pas que que ça pouvait être lui. C’est le soir quand Jésus reste pour souper avec eux qu’ils vont finir par le reconnaître par un geste fort : Sa façon de prier, de rendre grâce au Père et puis sa façon de couper le pain. « Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux », décrit Luc.

Les deux disciples se levèrent aussitôt et retournèrent à Jérusalem pour raconter ce qu’ils venaient de vivre. Cette apparition aux disciples d'Emmaüs est donc la deuxième séquence du récit de la résurrection du Christ dans l'évangile de Luc.

3- La troisième séquence du récit, c’est l’apparition aux apôtres réunis à Jérusalem. C’est cette troisième séquence que nous venons de lire et sur laquelle je vous propose de méditer ce matin.


Rapidement, rappelons-nous de la scène de cette apparition de Jésus aux onze réunis à Jérusalem.

Luc ne fait pas mention de ça mais dans les autres évangiles on apprend que les portes et les fenêtres étaient fermées. 

C’est une sorte de réunion à huis clos, voire secrète. Et c’est dans ce contexte-là que Jésus tout d’un coup fait irruption dans la pièce au milieu d’eux, au moment où les deux disciples d'Emmaüs racontaient ce qu’ils venaient de vivre. “La paix soit avec vous”. Annonce d’emblée Jésus. Étonnement dans la pièce. Chacun se demande si ce n’est pas un fantôme. Déjà comment a-t-il fait pour entrer ici, alors que tout est fermé ? (Imaginez une irruption d’une telle façon au milieu de la nuit chez vous).

Tout de suite Jésus se sent obligé de démontrer au-delà de tout doute raisonnable qu’il n’est pas un fantôme mais bien une personne vivante constituée de chair. “Regardez mes mains et mes pieds: c'est bien moi! Touchez-moi et voyez, car un fantôme n'a ni chair ni os, contrairement à moi, comme vous pouvez le constater”. Pour essayer de démontrer une fois de plus au-delà de tout doute raisonnable qu’il n'est pas un fantôme, Jésus demande si les disciples ont quelque chose à manger. Ils lui donnent alors un morceau de poisson grillé qu’il mange devant eux. Puis il ouvrit leur intelligence afin qu’ils comprennent et acceptent cette résurrection.Voilà pour le contexte et ces trois séquences du récit de la résurrection chez Luc.

 

La question qui se pose ensuite c’est quels enseignements pouvons-nous tirer aujourd’hui de la séquence de l’apparition de Jésus à ses disciples ? Je vois trois enseignements possibles. 

Le premier enseignement c’est la place que Luc accorde au corps, à la chair du ressuscité. Il a encore les plaies, les cicatrices de la torture sur la Croix. Il apparaît en chair et en os, et contrairement à l’apparition qu’a vécue par exemple Marie-Madeleine dans l’évangile selon Jean, qui n’a pas pu avoir de contact physique avec lui, ici Jésus demande aux disciples de le toucher et il mange surtout ostensiblement devant eux. On peut dire que Luc insiste sur le fait que les disciples n’ont pas à faire ici à un esprit ou à un fantôme mais bien un vivant, un semblable à eux, à nous.

C’est aussi sans doute une façon pour Luc d’insister sur l’humanité de Jésus, sur son incarnation. Comme si l’évangéliste voulait éviter que nous ses lecteurs voient la résurrection de Jésus comme un simple fantasme. D’où cette mise en scène non pas  d’un Jésus, spirituel, mais un Christ pleinement corporel, qui mange et que l’on peut toucher, un Christ qui n’est ni un esprit ni un fantôme. Un esprit n’a pas de chair ni d’os comme le rappelle Jésus.

Cette parole vient nous rappeler que le Christ nous accompagne dans tous les aspects de notre existence, même les aspects les plus matériels de notre condition humaine. 

Dire que Jésus n’est pas un fantôme, qu’il est vivant, c’est aussi une façon de répondre à ceux qui ont proclamé dans le passé et qui continuent de proclamer : « Votre Dieu est mort ».

Nous avons tous en tête cette citation choc du philosophe Nietzsche énoncée au 19ème: « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! » Sorti de son contexte, cette phrase a été reprise au fil des années pour parler de la mort de Dieu. Pour expliquer « Qu’il ne sert plus à grand-chose. Qu’il est absent. Qu’il est comme un arbre mort qui n’a plus aucune chance de porter des fruits ».

« Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »

— Le Gai Savoir, Livre troisième, 125 - Nietzsche

 

Face à cette notion selon laquelle Dieu est mort, ce récit de la résurrection du Christ et tout simplement du temps Pascal, nous donne la foi et la force de répondre : Non, Dieu n’est pas mort. Il est vivant. Jésus n’est pas un fantôme, il est vivant. Voilà le premier enseignement que nous pouvons tirer de cette apparition de Jésus à ses disciples en chair et en os.

 

Le deuxième enseignement : c'est Jésus qui vient vers nous, c’est lui qui nous rejoint dans notre condition humaine

Dans le récit de l’apparition aux Onze, c’est Jésus qui se trouve au milieu d’eux, sans qu’il y ait de mouvement initial. C’est lui qui fait le mouvement pour les trouver. Je trouve cette symbolique extrêmement forte. Alors qu’ils sont dans la colère, la tristesse, c’est à ce moment-là que Jésus les rejoint, se place au milieu d’eux, pour dire qu’il est là, qu’il est présent et qu’il ne faut pas le « chercher parmi les morts » ni aller dans la mauvaise direction, comme le firent les deux disciples qui se rendaient à Emmaüs.

Cette symbolique d’un Jésus présent c’est ce qu’on voit justement quand il apparaît aux deux disciples en route vers Emmaüs. Déboussolés après la mort du Christ, ils n’ont plus de maître à suivre. Pour eux, Dieu est redevenu le grand absent. Le Dieu mort mis au tombeau. Ils n’espèrent plus rien, il n’y a plus de but dans leur vie. La vie devient amère. Mais c’est à ce moment-là que Jésus les rejoint dans leur réalité, dans leur tristesse et dit : Que la paix soit avec vous. Autrement dit rassurez-vous ! Deuxième enseignement donc à tirer de ce récit : c'est Jésus qui vient vers nous, c’est lui qui nous rejoint dans notre condition humaine.

Troisième et dernier enseignement : La mort n’aura pas le dernier mot.

Le troisième et dernier enseignement qu’on peut tirer de ce récit sur la résurrection.C’est une bonne nouvelle. Et cette bonne nouvelle c’est tout simplement que la mort n’aura pas le dernier mot. En cette période de pandémie de Covid19 où nous avons tous été touchés de près ou de loin par la mort, en France le cap des 100 000 morts est désormais franchi, le temps pascal et la résurrection de Jésus viennent nous rappeler que la mort n’a pas eu le dernier mot, qu’elle n’a pas le dernier mot et qu’elle n’aura jamais pas le dernier mot. En cette période sombre, il est important pour nous chrétiens de nous rappeler cela. Dans la foi, nous pouvons donc nous consoler les uns les autres, car nous savons que le Seigneur a vaincu la mort une fois pour toutes. Nos proches ne disparaissent pas dans l’obscurité d'un néant. L'espérance nous dit qu’ils sont entre les mains de Dieu, entre de bonnes mains. Jésus-Christ est cette espérance qui traverse les âges et qui réside en nous, même quand toutes nos certitudes vacillent. 

Prions : Seigneur, ouvre notre intelligence afin que nous puissions te reconnaître. Que ta paix soit avec nous.Nous ne savons pas de quoi sera fait le demain ni après demain. Cette  incertitude est difficile à vivre. Mais aide-nous à rester confiants. Puissions-nous voir en ta résurrection, une renaissance pour nos vies. Amen.