Prédication conte : Jésus guérit la fille de la Cananéenne - « Je ne suis que quelques miettes de pain… » — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Prédication conte : Jésus guérit la fille de la Cananéenne - « Je ne suis que quelques miettes de pain… »

Je ne suis que quelques miettes. Prédcation EPUPL

Prédication du dimanche 16 août 2020, par Christine Décamp.

Lecture : Matthieu 15, 21-28.

 

Je ne suis que quelques miettes de pain…

Quelques miettes de pain tombées sous la table. Vous savez ce morceau de pain rassis, ce quignon dont personne ne veut et que les enfants laissent tomber négligemment sous la table. Qu’on ne prend même pas la peine de ramasser…

 

Enfin si ! Quelqu’un m’a ramassé !

C’est une femme, une étrangère, une Cananéenne. Elle, elle m’a vu et m’a ramassé. Elle m’a pris dans le creux de ses mains et la façon dont elle m’a regardé, c’est comme si j’avais du prix à ses yeux ! Un véritable trésor trouvé là, par terre, mais quelque chose de précieux pour elle. Personne auparavant ne m’avait regardé comme elle l’a fait.

 

Alors oui elle a dû se baisser pour me ramasser. Se mettre à genoux, face contre terre, le nez dans la poussière, se frayer un chemin parmi les petits chiens qui se trouvaient là aussi sous la table.

 

Et puis tout a changé le jour où elle l’a rencontré !

Cet homme juif, ce nommé Jésus de Nazareth dont tout le monde parle même jusqu’ici dans le pays de Tyr et de Sidon. Celui qui accomplit des choses prodigieuses comme nul autre ne le fait, changer de l’eau en vin ou faire marcher un paralysé. Celui qui rassemble des foules immenses en leur parlant d’un royaume un peu particulier et qu’il nourrit avec seulement 5 pains et 2 poissons. Celui qui arrive même à marcher sur la mer, à maîtriser les flots comme s’il piétinait la mort !

Parce qu’elle, elle avait entendu parler de sa venue ici par une voisine, parce que sa fille était atteinte d’un mal si handicapant que tout le monde la croyait possédée par un démon, parce qu’elle avait essayé tous les remèdes possibles et imaginables et qu’elle n’avait plus que lui comme dernière solution.

Pour toutes ces raisons, elle décida de sortir, de sortir de chez elle, de repousser les barrières qui se présentaient devant elle et de franchir des frontières pour un autre horizon.

 

Elle s’est alors approchée de la foule rassemblée autour de lui. Puis elle s’est frayée un chemin pour arriver jusqu’à lui. Elle a l’habitude de jouer des coudes, de ramper à terre pour se faire une petite place parmi les chiens.

En le voyant, elle poussa un cri du cœur : « Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ! » Ma fille souffre terriblement, je n’ai que toi ! Elle l’implore, lui crie ses mots de douleur, elle aboie presque. A force de ne côtoyer que des chiens, elle en devient un de leurs semblables.

 

Ce fut d’abord le silence, un terrible et interminable silence… Comme si elle n’existait pas, comme s’il n’avait pas entendu, ou peut-être comme s’il voulait la mettre à l’épreuve et voir si elle persistait dans sa demande.

Et puis ce furent les moqueries, les soupirs agacés des disciples qui ne savaient pas comment se débarrasser de cette importune.

 

C’est vrai qu’au départ, il leur donna raison. Lui, le rabbi juif ne s’adresse qu’aux juifs. Comment se pourrait-il qu’il dialogue avec une femme ? Etrangère qui plus est ! Quel affront, quelle audace ! Comment ose-t-elle lui adresser la parole à lui qui a été envoyé pour s’adresser aux juifs ? Rien qu’aux juifs, aux hommes purs, point barre. Fin de la discussion.

 

Sauf que cette femme, elle n’a pas fait tout ce chemin pour rien. Si près du but, à quelques pas de lui, elle ne va pas se laisser éconduire de la sorte. Cette petite bonne femme, elle en a franchi des frontières. Elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Elle a subi tant de revers, elle n’en est plus à un rejet près…  

 

Il n’en va plus seulement de la guérison de sa fille. Bien sûr, elle ne l’oublie pas. Elle est venue pour elle, pour demander à Jésus sa délivrance.

Mais là c’est une question personnelle, une question d’honneur, une question de foi !

 

Alors, elle joue le tout pour le tout. Elle s’agenouille doucement, se prosterne à ses pieds. Comme lorsqu’elle m’a ramassé, à quatre pattes sous la table des enfants. Et par ces mots « Seigneur, aide-moi ! », elle reconnaît en cet homme bien plus qu’un seigneur ou un maître, mais un sauveur, son Sauveur ! C’est une question de foi. De foi en celui qui sauve. Elle croit, tout simplement elle croit.

 

Et cela surprend Jésus, il ne s’attendait pas à cela. Il est surpris par ce cri de détresse, presque dérangé par cet appel au secours qui sonne comme une confession de soi. Un peu comme lorsque Pierre, marchant sur les eaux pour rejoindre Jésus, sentant tout d’un coup qu’il s’enfonçait, lui cria cette confession de foi : « Seigneur, sauve-moi ! »

 

C’est là que j’entre en scène !

Enfin qu’elle parle de moi, de ces quelques miettes de pain ramassées sous la table. Elle lui dit comment elle m’a trouvé, comment elle m’a ramassé et comment elle vit avec ces quelques miettes. Elle ne m’a volé à personne, non. Au contraire, j’étais là, délaissé, en surplus, quand les enfants étaient rassasiés et ne voulaient plus de pain.

Alors, là tout a changé ! Quand il lui a parlé, de sa voix forte et puissante, l’une de ces voix à l’autorité naturelle que personne n’ose contester et qui fait taire les murmures alentours.

« Que ta foi est grande ! » lui a-t-il répondu.

Ces quelques mots - comme quelques miettes de pain - ces quelques mots ont suffi à l’apaiser, à lui redonner espoir, à répondre à son cri de mère en détresse qui donnerait ce qu’elle a de plus cher au monde pour sa fille, qui donnerait jusqu’à sa propre vie pour sauver son enfant.

 

Ces quelques miettes ont suffi à la nourrir, à nourrir sa foi. Une foi vivante portée par la confiance qu’elle a eue en Jésus. Là, en dehors de chez elle, à l’endroit où la pousse sa foi en ce Sauveur. Elle a senti immédiatement que tout avait changé. Tout avait changé pour sa fille d’abord, que sa prière avait été exaucée mais bien au-delà encore de ses espérances. Tout avait changé en elle quand elle avait reçu cette parole puissante de vie, cette grâce extraordinaire qui déborde et qu’on ne peut pas décrire mais qui se vit.

Plus rien ne serait désormais comme avant. Tout avait changé !

 

Il fallait une femme, une étrangère, une païenne pour lui ouvrir les yeux et lui permettre de voir les brebis perdues hors d’Israël.

Il fallait une femme qui survienne, imprévue, qui le découvre dans sa retraite, se jette à ses pieds et aboie sa détresse : « Moi, petit chien ? D’accord ! Je peux donc ramasser les quelques miettes de pain qui tombent de la table des enfants ! »

Alors tout avait changé aussi pour Jésus.

Il avait compris qu’il était le Pain de Vie descendu du Ciel pour tous les hommes et toutes les femmes et que sa table leur serait toujours ouverte.

 

 

Alors, oui je ne suis que quelques miettes de pain…

 

Ce n’est presque rien, me direz-vous, mais c’est tout à la fois !

Pas besoin de beaucoup, quelques miettes suffisent !

Un petit morceau de pain laissé par terre et dont personne ne veut mais qui pour une, même une seule a de la valeur. Ce n’est qu’un petit bout de pain, oui, mais c’est le Pain de Vie !

Quelques grains de blé qui ont poussé jadis dans les champs de Judée et qui ont été transformés par la main du meunier et qui aujourd’hui nourrissent le monde entier.

Un grain de blé tombé en terre, quelques miettes de pain, du Pain de Vie !

Amen.