"Les trois vielliards" — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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"Les trois vielliards"

Un conte à partager, proposé par Dominique Baumgartner

"Les trois vieillards"

 

C'était un matin, le soleil se levait sur une vaste prairie de Palestine.

Un jeune berger y gardait les brebis de son maître ; il portait son maigre repas : du pain bis et une gourde d'eau. Son chien et sa flûte l'accompagnaient. Il aimait Dieu et souvent le priait, non pour lui-même, mais demandant que ses parents aient une vieillesse heureuse.

Soudain, l'enfant aperçut un homme qui s'approchait ; l'étranger arriva bientôt près de lui. C'était un vieillard qui paraissait souffrir de la fatigue et de la chaleur ; l'enfant le salua.

« J'ai faim », dit alors le vieillard.
L'enfant sortit de sa musette le pain qui devait lui suffire pour la journée :

« Tenez, dit-il, je mangerai plus tard. »

Le voyageur prit le pain sans un mot, et se remit en route. L'enfant le regarda s'éloigner : ce qu'il venait de donner était tout son repas du jour, mais il ne se demanda pas si plus tard il aurait faim et ayant perdu l'étranger de vue, il prit sa flûte et se mit à en jouer.

Vers midi, le soleil brûlait la plaine ; les brebis et le chien s'étaient couchés sur l'herbe ; l'enfant jouait toujours. Puis, la gorge sèche, il dut s'arrêter de jouer car, n'ayant rien mangé de la journée, il était sans force. Au moment où il allait porter sa gourde à la bouche, une main se posa sur son épaule. Un vieillard au regard triste était à côté de lui. D'où venait-il ? Le chien n'avait pas aboyé, l'enfant n'avait rien entendu.
« J'ai soif », dit l'étranger.

« Voici ma gourde, buvez ! », répondit l'enfant, oubliant sa soif.

Le vieillard saisit la gourde et but toute l'eau qu'elle contenait. Puis, silencieux, il reprit sa route tandis que l'enfant, épuisé, se laissait tomber au pied d'un arbre.

Les heures passaient et le soir arriva. Comme l'enfant se préparait à ramener ses brebis la bergerie, il aperçut un homme qui s'avançait vers lui ; il semblait encore plus misérable que les deux autres ; il tremblait de fatigue et de froid.

« Je suis pauvre », murmura-t-il en s'approchant.
« Hélas, répondit l'enfant, je ne possède rien moi non plus ! »

- Ces brebis ne sont-elles pas à toi ?

-Elles sont au maître qui me les a confiées.

- Qu'importe ! reprit l'étranger, donne-moi une brebis.

-Je ne peux pas vous donner ce qui ne m'appartient pas, reprit l'enfant d'une voix ferme. Mais moi, je me donne à vous, emmenez-moi, vendez-moi comme esclave et vous serez riche alors !

- Viens !, dit seulement le voyageur.

Il aimait Dieu et souvent le priait, non pour lui-même, mais demandant que ses parents aient une vieillesse heureuse.

L'enfant fit un signe à son chien et la bonne bête se mit en route, guidant le troupeau vers la bergerie.

Le petit berger suivit l'étranger auquel il venait de donner sa liberté ; des larmes lui vinrent aux yeux en pensant à ses parents qu'il ne reverrait plus.

Et il marcha dans la nuit derrière son maître silencieux.

Déjà l'aube approchait lorsque les deux voyageurs arrivèrent à la ville sacrée, Jérusalem. Le vieillard pénétra dans une maison somptueuse et l'enfant le suivit. Son guide ouvrit une porte : ils se trouvaient maintenant dans une vaste chambre, dallée de marbre, aux murs ornés de magnifiques peintures ; l'étrange voyageur avait disparu.

Alors, l'enfant aperçut sur une table son pain et sa gourde ; en face de lui les trois vieillards étaient debout entourés d'une lumière mystérieuse ; à leur côté, un homme jeune souriait. Et celui-là, l'enfant le reconnut : c'était Jésus.
Tandis que l'enfant, tout ému joignait les mains, Jésus parla :

« Tu as donné ton pain à qui avait faim, tu as donné ta gourde à qui avait soif, tu as donné ta personne à qui était pauvre : eh bien, tout ce que tu as donné te sera rendu en centuple : pour ton pain, je te donne cette demeure, pour ton eau, ces richesses et pour ta personne, la liberté ! »

L'enfant était à genoux, mais lorsqu'il redressa la tête, Jésus et les vieillards avaient disparu. 
Au même moment, les vieux parents pénétraient dans la riche demeure, fous de joie de retrouver leur enfant qu'ils croyaient perdu ! et tous trois jurèrent de secourir les pauvres et les vieillards, de consoler les malheureux, de soigner les malades, tandis que de leurs cœurs, la reconnaissance et la prière s'élevaient vers Dieu.