L'urgence écologique — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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L'urgence écologique

Edito du numéro 53 de la Lettre de Pentemont-Luxembourg, par le pasteur Andreas Lof

C'est probablement le plus grand et le plus urgent défi devant lequel se trouve le monde aujourd'hui : le défi écologique et notamment le réchauffement climatique. Il concerne à la fois toute la planète et chacun de nous, les conditions de vie des générations à venir et nos responsabilités aujourd'hui. Il est urgent de réfléchir sur l'impasse dans laquelle se trouve notre civilisation fondée sur l'idée d'un progrès sans fin par la science, la technique et l'exploitation de la terre.

Or, les ressources de la terre sont limitées et les déchets de notre civilisation polluent l'air, la terre et les mers au point de déséquilibrer les grands écosystèmes de la planète. Mais « nous continuons à rêver d'une croissance infinie dans un monde fini », selon l'expression juste de Jacques Ellul. Le même penseur protestant a lancé il y a quarante ans déjà cette expression si prophétique : il nous faut « penser globalement et agir localement » pour réinventer le monde autrement. 

Notre Église Protestante unie, « consciente de l'urgence écologique » a mis à l'ordre du jour de son synode national de 2020 le thème : « Écologie, quelle(s) conversion(s)? » Elle invite nos Églises à se saisir dès maintenant du sujet, et à se laisser interpeller sur notre « responsabilité écologique ». Et cela sur le plan de nos pratiques de vie communautaires et de nos pratiques personnelles, la gestion de nos lieux de vie ou encore la vie liturgique, notre réflexion théologique et notre lecture de la Bible.

« Les Églises sont des vecteurs tout désignés pour ce travail de fond sur l'imaginaire commun et pour réinventer une autre vision du bonheur. Mais les Eglises elles-mêmes doivent rejoindre tous les intellectuels et toutes les forces collectives qui, du côté des sciences et des arts, des techniques et du cinéma, peuvent œuvrer dans ce sens »

Comme vous le savez, vos deux pasteurs ont donné une série de prédications autour du thème de « La Terre en Partage » (disponible sur notre site internet : www.epupl.org ). En février ils ont proposé, dans le cadre de nos cycles du mercredi soir  « Vivre et penser la foi », une soirée sur : « Défi écologique, quel apport protestant? » Nous vous invitons à noter deux rendez-vous sur ce sujet avant l'été : le samedi 23 mars (10h à 12h) pour se saisir du sujet synodal et un premier échange libre sur nos idées et pratiques communautaires et personnelles. Notre weekend paroissial annuel à Jambville, les 18 et 19 mai s'inspirera du même thème pour nos partages et animations.  

 

 Préparons-nous donc à vivre ces échanges et débats à venir pour notre communauté en notre Église dans son ensemble. Cela ne sera pas toujours facile ou consensuel mais espérons que cela nous mettra tous en route d'une manière ou d’une autre sur des chemins de « conversions écologiques ». Olivier Abel, professeur de philosophie et d’éthique à l'Institut Protestant de Théologie a exprimé ceci dans une contribution remarquée « Le bouleversement éthique des horizons » lors du colloque « L'avenir de la Terre un défi pour les Églises » :

 « Je crains, que nous ne mesurions pas assez cette condition qui est la nôtre. Pourtant le bouleversement qui nous attend nous impose un nouvel horizon, dont nous devrons prendre ensemble la mesure ». Permettez-moi de citer d’autres passages interpellant et forts d’Olivier Abel dans le même discours : « Si l'épuisement des ressources  et l'insouciance énergétique actuelle ne développent qu'une imagination affaiblie, une insensibilité profonde à l'état du monde, un nihilisme de pacotille, une sorte de tourisme universel sous l'impératif catégorique du "pas de souci" alors le réchauffement climatique, la fuite en avant des puissances de ce monde, les famines, guerres et les pillages développeront une peur grandissante pour nos proches, qui peut nous rendre fanatique et capable de justifier le pire ».

Et Olivier Abel d'insister sur le fait que les changements auxquels nous sommes appelés ne sont pas tant une affaire d'opinions sur de vastes sujets mais que d'une patiente modification de toutes nos habitudes, petites et grandes : « Oui, c’est aujourd'hui l'une des tâches les plus délicates et les plus urgentes à réaliser, que de changer les plis de notre sentir et de notre agir, de transformer non pas tant nos opinions que nos habitudes - parfois installées depuis longtemps dans nos corps et notre rapport avec  nos objets quotidiens ». Mais il faut aller encore plus loin que de changer d'opinions ou d'habitudes : il nous faudra « changer nos images de la vie bonne ». Il nous faudra questionner et changer nos « imaginaires » de bonheur où « l’avoir toujours plus » domine, pour se tourner vers un autre « imaginaire » de bonheur (par exemple l'idée de la « sobriété heureuse » de Pierre Rabhi). Nous devrons, toujours selon l'auteur, « ébranler et refonder notre imaginaire social » pour nous convertir et changer l'orientation générale de nos vies.

 

Andreas Lof

 

Les citations sont extraites de l’article « Le bouleversement éthique des horizons » par Olivier Abel, paru dans « L’'avenir de la Terre, un défi pour les Églises », sous la direction de Jacques-Noël Pérès. Desclée Brouwer, 2010.