La pie — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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La pie

Méditation proposée par Marie

La pie

 

Arpentant le trottoir d’un pas rapide, sans autre but, dans ce temps de confinement, que de me dégourdir les jambes et de déplier mes alvéoles pulmonaires – dans le strict respect, bien sûr, des directives gouvernementales - je fus soudain tirée de mes pensées par un bruit insolite… un peu au-dessus de ma tête.

Levant les  yeux, j’aperçus une pie, magnifique dans son costume  noir et blanc étincelant au soleil.
Elle s’efforçait manifestement de casser quelque chose de dur en le frappant vigoureusement contre le zinc du toit sur lequel  elle s’était perchée.
C’était un bruit étonnant, émanant d’un comportement manifestement tendu vers un objectif précis, avec la volonté farouche d’y arriver… 
Est-ce cela qui m’a fait rire ?  Je me le suis demandé après….   la vacuité de mon emploi du temps favorisant sans doute ce genre d’introspection.
Si ma mémoire est bonne, Bergson attribue le rire humain à la perception de quelque chose d’automatique dans ce que nous observons ou dont nous sommes témoin : la phrase d’un jeune enfant répétant sans la comprendre la phrase sentencieuse d’un adulte, par exemple,  ou la répétition en boucle d’une situation toujours la même (Charlot….)…. 
Rien de similaire ici avec la pie, mais peut-être le rapprochement inévitable (et donc un peu automatique) de son comportement avec le nôtre lorsque nous nous acharnons dans un but bien défini.

L’activité de ce bel oiseau, toute humaine en somme, m’a réjouie


Il faisait beau, j’étais presque seule dans la rue… Pour nous les humains, tout s’arrêtait, il fallait vivre sur nos ressources : ressources intérieures surtout, courage, patience, ingéniosité, fraternité… pour pallier le tragique de la situation. Et la pie vivait sa vie, comme si de rien n’était, pas complexée pour un sou de faire tout ce ramdam  -car elle  y mettait du cœur ! – dans le silence quasi dominical de cette après-midi.
Oui, cela m’a réjoui de voir cela, la vie qui continue, le plumage brillant au soleil, l’activité fébrile préfigurant le repas délicieux avec la noix enfin sortie de sa coquille, ou le petit objet brillant…. déniché au milieu des sacs en papier et des gants usagés jonchant la chaussée, et qui avait peut-être excité sa convoitise.

L’activité de ce bel oiseau, toute humaine en somme, m’a réjouie, voire attendrie, comme nous le sommes quand nous voyons des enfants jouer au milieu des ruines de leur quartier. J’ai entendu ou lu ces jours-ci , je ne sais plus, le témoignage d’un écrivain qui racontait qu’enfant, pendant la dernière guerre, il se réjouissait des bombardements, car alors il fallait courir dans les abris… où il savait qu’il retrouverait une petite voisine…. dont il était tombé amoureux !

Oui, la vie continue, au cœur du désert qu’est devenu Paris, la pie en témoignait !  J’aurais voulu la remercier…. Alors j’ai écrit ce petit texte.
Merci la pie ! et tant « pie » si ce texte a quelque chose d’un peu dérisoire !!

 

Marie