Incertitude

Méditation proposée par une paroissienne

INCERTITUDE…

Tout change tout le temps, disent les bouddhistes, sauf le changement….
Rien n’est certain, dans cette affaire du coronavirus, sauf l’incertitude.
Nous sommes ligotés par l’incertitude.
Les chercheurs cherchent, les journalistes attaquent, les politiques répliquent…
mais rien à faire, rien n’est certain pour l’instant…
Est-ce qu’il vaut mieux un masque fait maison que pas de masque du tout ?
Est-ce qu’il va y avoir une deuxième vague du coronavirus ?
Est-ce qu’il faut miser sur l’immunité collective ?
On navigue à vue…

J’éprouve une certaine lassitude devant toutes ces questions, tous ces débats… tout en étant consciente que j’ai bien de la chance d’habiter un pays où on peut poser des questions et débattre !
Le pays – que dis-je, le monde - est comme en équilibre sur un radeau balloté par les flots, redoutant le prochain coup de vent, attendant l’accalmie. Je suis vraiment inquiète pour certains de mes proches ou de mes amis, mais curieusement, pas pour moi-même….

J’ai il est vrai une longue fréquentation de Dame Incertitude. C’est ma compagne depuis des lustres : chez moi, la gêne physique, paralysante et enfermante, succède sans préavis au bien-être, sans que j’en puisse jamais, de façon certaine, en isoler la cause….
Des années, je me suis épuisée à chercher, perdant irrémédiablement temps et argent.
Pour arriver à cette conclusion : quand on reste sans réponses, mieux vaut, avec cette importune, trouver un modus vivendi : accepter de la voir cheminer à nos côtés, telle une ombre, bien savoir que si elle s’éclipse, elle peut toujours revenir, comprendre qu’il faut courtoisement lui faire une petite place, plutôt que tempêter pour l’écraser, enfin se demander si, par hasard, elle aurait des choses à nous apprendre.
A vrai dire, elle ne nous laisse pas le choix, la garce !
Peu à peu je t’ai apprivoisée, Madame Incertitude, tu m’auras bien gâché la vie, éloignée de mes amis comme de mes engagements, mais appris aussi, finalement, à accueillir ma faiblesse, à mieux entendre mes frères et sœurs… en incertitude, à les comprendre et à les aimer. Et que de cadeaux dans la fréquentation de ces « frères et sœurs » !

Que peut nous apprendre, aujourd’hui, l’état d’incertitude où nous sommes ?
Nous n’allons pas gagner cette guerre « une fois pour toutes » : d’autres maladies surviendront, d’autres sources d’affolement, d’autres causes de confinement….
Jusqu’à ce que peut-être, humblement, nous reconnaissions nos limites, nous réinventions un monde plus simple, plus proche de la nature, plus fraternel. Le mal ne disparaitra pas, mais nous serons plus résistants, et mieux armés, j’espère, pour lui tenir la dragée haute.