Aussitôt... tout de suite maintenant ? — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg
Menu

Aussitôt... tout de suite maintenant ?

Texte de la prédication du dimanche 21 janvier 2024, par la pasteure Sophie Ollier.

 

« Aussitôt… tout de suite maintenant ? »

 

Prédication du dimanche 21 janvier 2024, par la pasteure Sophie Ollier

Lectures bibliques : 

  • Jonas 3
  • Marc 1, versets 14- à 20

 

 

Voici donc les textes du jour, celui de Jonas où est annoncé le destruction de Ninive et où les habitants changent de comportement, et voilà Ninive sauvée ! Et ce texte de l’Evangile où Jésus appelle à un changement radical, une conversion, et finit par appeler des disciples à sa suite.

C’est intéressant de voir comment ces textes du jour sont autant parallèles. Un constat d’urgence, un appel au changement et une réaction !

Il faut avouer que dans un monde qui va à 10 000 à l’heure, où tout est dans l’urgence tout le temps, ces textes peuvent nous paraître très libérateurs ou très angoissants. L’urgence du changement ! Un appel, une réalité, une parole d’actualité ! Et oui, que ce soient les paroles par la bouche de Jonas ou les Paroles de Jésus, nous pouvons y entendre notre monde, notre quotidien !

Sur tellement de sujets ces paroles résonnent, différemment certes mais elles sont présentes ! Pour aujourd’hui mais déjà hier ! 50 ans et le monde sera détruit ! 50 ans et nous ne pourrons plus revenir en arrière ! Changez radicalement maintenant !

N’avons-nous donc jamais entendu des personnes nous alerter sur la situation actuelle ? N’avons-nous jamais entendu des personnes nous demander de réfléchir à nos modes de vies ? Et dans notre Eglise n’avons-nous jamais entendu parler du respect de la Création, de l’amour de Dieu pour le monde, l’amour pour notre prochain, qu’il nous demande de proclamer et de vivre ? Je crois que ces proclamations qui sont faites depuis plusieurs décennies nous font entendre cette phrase de Jonas différemment : Encore 40 jours, et Ninive est détruite ! Encore 50 ans comme ça et nous n’aurons plus d'eau potable ! Encore plusieurs années sans amour de notre prochain et nous ne serons plus le corps du Christ ! Les Ninivites eux ont réagit à l’annonce de cette parole, et nous alors ?

Et oui, quand on ramène ces Paroles là à notre quotidien, on se rend compte combien cet appel de Jésus au changement et à la foi, nous est adressé aussi à nous aujourd’hui !

Mais alors, la question qui nous vient maintenant c’est : comment ? Quel est ce changement radical et ce « croyez à la Bonne Nouvelle » ?

D’abord, c’est changer de regard, changer de regard sur ce monde et sur notre prochain ! Le verbe en grec utilisé pour le changement et la conversion dans ce texte c’est la métanoia, qu’Elian Cuvillier, professeur de Nouveau Testament à Montpellier traduit par « penser à rebours ». Autrement dit, penser différemment de l’habituel. Aujourd’hui on cherche la reconnaissance perpétuelle de nos actions et de nos vies, une validation de notre personne, on cherche en continu un retour sur investissement, on est dans du comptable, rien n’est gratuit ! On pense profit ! Je te donne, tu me donnes ! Je paye, tu me dois ! J’offre, j’espère en retour ! Et si on pensait à rebours de ça alors dans un nouveau projet pour ce monde ?

Un projet où dans 100 ans aucun d’entre nous ne sera là pour recevoir les « merci ». C’est un défi qui nous demande de nous placer dans la gratuité totale. Sans en attendre plus. Et qui ouvre encore plus les dimensions du mot « prochain ».

Car « le prochain » n’est pas seulement celui que je croise sur le bord de la route ou au quotidien. Mais « le prochain » c’est aussi celui qui sera sur cette même route, cette même terre dans 100 ans. Alors oui, il faut oublier l’idée même de retour sur investissement. Qu’on soit ou non responsable de l’état actuel du monde, nous sommes responsables d’orienter différemment l’avenir !

Certes, je ne suis pas plus coupable que le premier homme préhistorique qui a eu l’idée de frotter deux silex entre eux. Seulement aujourd’hui, nous sommes des milliards à frotter des silex.

Avec Jonas on entend l’urgence au changement à laquelle Jésus nous appelle, avec les disciples nous entendons ce que veut dire « croire en la Bonne Nouvelle », c’est-à-dire, ayez confiance en cette Lumière qui vous est donné et cet amour pour l’autre auquel vous êtes appelés ! Ayez confiance que si vous vivez de cette Bonne Nouvelle alors ça changera les choses !

Et il ne s’agit pas ici de faire de telle ou telle manière, de fermer l’eau du robinet, de bien trier ses déchets, de bien donner telle ou telle somme d’argent à telle association, de prier de telle ou telle manière… non ! Nous ne sommes là ni sur de la morale, ni sur de l’éthique, ni sur des dogmes ou de la théologie, nous sommes dans le vivre de la Bonne Nouvelle ! C’est une question d’être au monde !

Lorsque l’on met un pied dans ce défi d'aujourd’hui qui nous est donné, il faut, d’une façon ou d’une autre « croire », faire confiance. Croire que le Christ m’appelle moi aussi, avec mes dons !

Et c’est là qu’on en arrive à nos chers disciples appelés par Jésus de manière impromptue !

Faire ce que les disciples font, cela demande une sacrée dose de foi car les disciples n’ont, à ce moment-là, aucune idée d’où Jésus veut les emmener, ni pour quoi faire. Peut-être que Jésus allait les envoyer à des milliers de kilomètres de chez eux ? Peut-être allait-il les envoyer affronter des dangers mortels et toutes sortes d’épreuves ? Les disciples n’en savent rien, et pourtant ils disent simplement « OK, let’s go !! ». On dit souvent, et à juste titre, qu’il faut toujours lire attentivement les petites lignes en bas d’un contrat avant de le signer pour savoir exactement ce à quoi on s’engage vraiment et ne pas avoir de mauvaises surprises. Ce que font les disciples ici, c’est qu’ils signent leur contrat de travail sans même l’avoir lu, ni les gros, ni les petits caractères. 

Avouez que cela demande une confiance absolue dans son employeur de s’engager comme cela, à l’aveugle. Et si chacun et chacune pouvait recevoir un tel appel ?

Une des grandes convictions que l’on peut tirer de la Bible, c’est que Dieu parle aux humains, il le fait constamment et de plein de façons différentes. Il se peut qu’aujourd’hui encore, Dieu nous parle de la manière dont il s’est adressé aux personnes de la Bible. Cela peut arriver en priant, en lisant la Bible, en écoutant de la musique ou bien au hasard d’une rencontre ou d’une conversation, ou en train de faire ce pour quoi nous sommes doués… Il se peut, même, qu’on entende son appel en allant au temple le dimanche matin ! Dieu peut utiliser toutes les manières possibles pour se faire connaître à nous. 

Tout comme Jésus a appelé les disciples, il y a 2000 ans, si nous tendons l’oreille nous pouvons aussi entendre cette même voix qui nous appelle, sans relâche, et qui attend que nous lâchions nos filets.

Et il y a plusieurs façon de répondre à l’appel de Dieu d’ailleurs :

Comme les disciples, on lâche tout, sans poser de questions « Ok, let’s go !! »
Comme Jonas, on commence par fuir et on finit par y aller puisque, presser par l’appel de Dieu, on ne peut pas faire autrement
Comme Moïse, on hésite parce qu’on ne s’en sent pas capable, mais on finit par y aller quand même, en faisant appel à d’autres pour nous aider, comme Moïse qui fait appel à son frère, Aaron.
Comme Samuel qui, en entendant Dieu se demander qui il peut envoyer, répond « Hinéni, Me voici Seigneur, envoie-moi ». Samuel lui, s’est porté volontaire !

Alors, vous me direz « mais pourquoi répondre à l’appel ? On peut faire genre on n’a pas entendu… ».

Alors, bon, déjà, parce qu’il est là ! On ne peut pas l’ignorer ! Quand votre téléphone sonne à ce que je sache, au moins on regarde qui appelle ! Après, c’est notre choix de répondre ou non ! Mais je vais vous donner 3 bonnes raisons de répondre à cet appel !

La première raison, c’est que les projets que Dieu a pour les gens qu’il appelle, sont bons. On prêche un Dieu de bonté et d’amour, donc les projets qu’il a pour chacun de nous sont nécessairement de bonnes choses, pour les autres, pour notre entourage, pour notre société, mais aussi pour nous-mêmes. C’est le message de l’Evangile !
La deuxième raison, c’est que si Dieu nous demande de faire quelque-chose, c’est que nous en sommes capables, c’est que nous en avons les moyens. Il ne nous demandera jamais de faire quelque chose que nous ne puissions pas faire.

Très souvent, c’est ce sentiment qui nous empêche de réaliser ce que Dieu attend de nous. On s’est tous un jour empêché d'agir pour ce genre de raisons. « Je suis trop vieux, je suis trop jeune, je n’ai pas le temps, je n’ai pas assez de connaissances, pas assez de charisme, pas assez de patience, je ne suis pas assez fort, etc. etc. ». Ce sont les filets que nous avons à lâcher pour suivre le Christ dans son projet ! Ces filets de peur sans savoir ce que nous allons découvrir. Ces filets d’excuses parce qu’on est bien au chaud dans notre quotidien. Ces filets de routine parce qu’il est plus facile de fermer les yeux que de s’engager au risque de voir nos journées perturbées.

Et pourtant, s’il nous appelle nous, à un moment donné, sur un truc en particulier, là, tout de suite, maintenant, aussitôt que nous l’entendons, c’est que nous en sommes capables, chacun et chacune avec nos dons !

Regardez les disciples justement, Jésus les a appelés selon leurs talents, leurs dons à eux ! Simon, André, Jacques et Jean sont des pêcheurs, et que leur dit Jésus quand il les appelle ? « Je ferai de vous des pêcheurs d’humains ». Si tu sais faire la cuisine, peut-être que Dieu peut t’appeler à nourrir en paroles et en actes celles et ceux qui en ont besoin. Si tu as un chat et/ou des plantes, tu comprends et peux prendre soin du vivant ! Si tu es avocat tu peux plaider pour le plus petit ! Si tu es maçon, tu peux cimenter les relations qui durent ! Si tu es artiste tu peux dépeindre la diversité de la Création ! Si tu es dans la finance, tu peux compter combien… additionner les différences multiplie les vecteurs de compréhension et diminue les divisions. Si tu es médecin tu peux accompagner les convalescences de celles et ceux qui souffrent… Tu es et tu peux !!! Ce que tu es est essentiel !!

La troisième bonne raison de nous tourner vers Dieu, c’est que lorsque Dieu nous demande de faire quelque chose, d’aller quelque part pour lui, il nous promet son aide. C’est la promesse qu’il a faite à toutes les personnes qu’il a envoyées, et il a toujours tenu cette promesse.

Lorsque nous faisons sa volonté, nous ne sommes pas seuls car il est avec nous. Nous ne sommes pas seuls également, parce qu’il y a les autres, Eglise, famille, amis, prochains. Remarquons un point, dans notre texte, Jésus appelle des binômes ! Il y a toujours une aide !

Et si maintenant vous vous demandez quand répondre à l’appel de Dieu… le texte nous répond aussi : Aussitôt que vous l’entendez ! Est-ce que d’avoir lu ces textes ce matin c’est un appel ? Peut-être ! Alors il s’agit de répondre à cet appel tout de suite maintenant !

En fait, dès que nous ouvrons nos Bible ce « tout de suite maintenant » est explicite ! Si tu entends l’appel à aimer ton prochain, à tendre l’autre joue, à prier pour ton ennemi, à voir en ton prochain un frère, une sœur, le Christ… alors c’est tout de suite maintenant qu’il faut le vivre ! C’est l’urgence et la radicalité de l’amour de Dieu pour ce monde, pour un après qui portent une espérance vivante !

Quand le lait bouille, quand tout va déborder vous arrêtez tout ce que vous faites dans l’instant pour aller éteindre le feu non ?! Pourquoi est-ce que ça serait différent pour notre monde ? Et des excuses, des filets, nous pouvons en trouver des milliers.

Si nous entendons l’urgence de notre monde, entendons aussi l’urgence d’un amour qui pense à rebours, entendons l’urgence d’une Bonne Nouvelle qui grandit, entendons le « tout de suite maintenant » qui engage chacun de nos dons propres ! Les textes d’aujourd’hui nous donnent tout, le comment, le pourquoi, et le quand de l’appel !

Alors Osons ! Osons lâcher nos filets de routines, de peur ou de flemme pour nous engager dans le changement et la confiance auxquels le Christ nous appelle !

Osons nous laisser aller au croire. Et donc dans la confiance se laisser transformer pour prendre soin du don que Dieu nous fait et de notre prochain qui n’est pas encore là.

Oui, il y a urgence pour ce monde, il y a urgence de réponse, là tout de suite, maintenant ! Mais ne t’en fais pas, lâche peur et routine, de 1, tu as le don dont Dieu a besoin, et de 2, tu ne seras pas seul ! Partant de là, même si le lait bouille, la vie gagne !

Amen

 

Mots-clés associés : , , , , , ,