Comme un feu qui brûle au-dedans de nous — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Comme un feu qui brûle au-dedans de nous

Prédication du dimanche 23 mai 2021, culte de Pentecôte avec baptême et confirmations de catéchumènes.
Par les pasteurs Christian Baccuet et Andreas Lof.

Lecture : Luc 24, 13-35

 

CB – Dis-moi, tu as déjà été au catéchisme ?

AL – Oui, j’aime bien, on y retrouve des amis, on y discute, on lit des passages de la Bible, on rigole, on mange ensemble, on prie…

CB – Cette année c’était plus compliqué, avec les règles sanitaires : on a fait parfois des séances par Zoom, ou bien tous ensemble dans la chapelle.

AL – Il y a quinze jours j’étais à la séance des KT3.

CB – Ah oui ? Moi aussi !

AL – Oui je t’y ai vu !

CB – Moi aussi !

AL – Il y avait aussi Théo, Marie-Lou, Cosima, Armand, Antoine, Noémie, Amélie.

CB – Et puis Thaïs, Mahalia, Manon, Mathilde.

AL – Et puis Frédéric et Samuel.

CB – Et puis toi !

AL – Et puis toi !

CB – On y a parlé de la foi, du baptême, de la sainte cène, on y a préparé le culte de ce matin.

AL – Et on a lu le récit des disciples d’Emmaüs qu’on vient d’entendre.

CB – Chacun y a réfléchi seul pendant une vingtaine de minutes puis on a mis en commun les questions et remarques.

AL – C’était bien, cette lecture partagée, les échos de ce récit pour nos vies.

CB – Je te propose un jeu. D’accord ?

AL – Oh oui !

CB – J’ai là une boîte, et dans cette boîte des papiers avec les questions abordées lors de cette séance KT.

AL – Ah oui ?

CB – On va tirer des papiers de cette boîte et voir ce qu’il y a écrit dessus.

 

AL – D’accord ! Je pioche le premier, si tu veux bien… Ah, question bien fondamentale : « Jésus était mort, et il est ressuscité… Comment cela peut-il se faire ? »

Comment s’imaginer quelqu’un vivant que tous ont vu mourir ? Humainement c’est bien sûr impossible. C’est quelque chose que nous n’arrivons pas à penser, à imaginer. C’est exactement ce qui arrive à ces deux disciples qui font route vers leur village d’Emmaüs, dans ce récit que nous venons d’entendre. Ils ne reconnaissent pas Jésus qui les rejoint sur leur chemin. Comment peuvent-ils s’imaginer que cet homme soit leur maître Jésus ? Ils l’ont vu mourir deux jours avant, crucifié par les romains. Le texte dit que leurs yeux étaient comme aveuglés.

Cet aveuglement est je pense le cas de nous tous devant cette réalité étrange et étonnante de la résurrection du Christ, tellement cela dépasse notre expérience humaine, notre connaissance de la réalité, ou notre connaissance scientifique du monde. Nous sommes bien face à une autre réalité, celle de Dieu, quelque chose qui nous dépasse complètement. Sans doute nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à voir d’une manière nouvelle, avec les yeux du cœur ou peut être avec le regard de Dieu lui-même. Ouvrir les yeux de ces deux hommes c’est exactement ce que Jésus va faire en cheminent avec eux.

Pourquoi Dieu a ressuscité Jésus ? Pour cela il faut rappeler qui était Jésus et ce qui s’est passé autour de sa mort. Ce rabbi juif si différent des autres rabbis, avait fasciné les hommes par sa manière de parler de Dieu, son étonnante bonté envers tous, ses guérisons miraculeuses, par un charisme extraordinaire de rassembler les hommes autour de lui. Il était considéré comme un prophète, certains voyaient en lui le Messie attendu. Et voilà qu’il avait été rejeté par son propre peuple, condamné par les grands prêtres comme un blasphémateur, livré aux romains comme un agitateur, crucifié comme un criminel. La violence, la haine des hommes avait tué toute l’espérance suscitée par Jésus. Sa mort terrible avait mis, en quelques jours, une fin à tout, comme un rêve qui s’était envolé.

Et c’est là que Dieu est intervenu. Il a refusé de laisser le dernier mot à la haine et la violence des hommes. En rendant Jésus à la vie, Dieu a dit aux hommes : ce Jésus que vous avez crucifié était bien mon Fils, mon bien aimé. Non il n’était pas un prophète comme tant d’autres, et encore moins un blasphémateur ou agitateur politique : c’était mon fils, et tout ce qu’il a fait et dit, tout ce qu’il a enseigné, il l’a fait en mon Nom. La résurrection de Jésus n’est donc pas une sorte de super miracle de plus à la fin de sa vie. Non, on peut le voir comme une sorte de déclaration solennelle et étonnante de Dieu qui nous dit que Jésus était vraiment le Fils de Dieu, le Messie d’Israël, annoncé par les prophètes. Dès lors, oui nous pouvons mettre tout notre confiance en lui. Et en étant désormais vivant avec Dieu, Jésus est vivant pour tous les hommes et pour chacun de nous. C’est en Lui que nous rencontrons l’amour de Dieu pour nous.

Tout n’est pas dit sur ce sujet si important pour la foi chrétienne, mais il est temps que tu prennes à ton tour une question, Christian !

 

CB – OK, à moi ! « Jésus fait des reproches aux deux disciples : “Gens sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes !”. C’est pas très sympa de sa part… »

Bonne remarque ! Je ne suis pas sûr que ce soit un reproche. On peut entendre cette phrase comme une parole de compassion, Jésus qui a de la peine pour eux et leur difficulté à croire. Jésus leur a déjà parlé quand il les a rejoints sur le chemin. De quoi discutez-vous en chemin, leur a-t-il demandé. On pourrait s’étonner que Jésus leur pose une question dont il sait sans doute déjà la réponse. Mais cette question me touche, car elle dit que Jésus les rejoint là où ils sont, sur leur chemin, dans leur tristesse, dans leur difficulté à croire. Il leur donne la parole pour qu’ils puissent poser ce qui leur pèse. Il les écoute. Il a compassion d’eux.

Notre Dieu est quelqu’un qui chemine avec nous, à nos côtés. Notre Dieu est le dieu du cheminement de vie, de la route partagée, de la rencontre et du dialogue. Un Dieu qui nous écoute, qui nous donne la parole. On peut avec lui poser nos peines, nos questions, nos peurs et nos révoltes, notre difficulté à croire. Il est un Dieu de relation. Un Dieu qui nous dit « tu » pour que nous puissions dire « je », devenir humains.

Alors les disciples lui disent, en toute confiance, ce qu’ils ont en eux. Leur tristesse car Jésus est mort, leur espoir de délivrance qui s’est brisé sur le bois de la croix, leur éloignement du groupe des disciples parce que tout et fini. Leur étonnement aussi devant ce qu’ils ont entendu dire, les femmes du groupe des disciples qui ont trouvé le tombeau vide et entendu qu’il était revenu à la vie, les compagnons qui ont constaté que le corps de Jésus n’était en effet plus dans le tombeau. Ils ne comprennent pas, ils n’osent pas y croire. Ils sont troublés. Jésus leur donne la parole et ils peuvent poser leur tristesse et leur trouble. Il les écoute.

Aussi, quand il leur dit qu’ils sont sans intelligence et lents à croire, je ne crois pas que ce soit pour le leur reprocher, mais pour leur dire qu’il entend leur difficulté à croire. Et c’est là qu’il leur explique le sens de toutes ces choses, parce que c’est ce dont ils ont besoin pour retrouver joie et espérance. La foi, c’est le Christ vivant qui nous rejoint en chemin, nous écoute et nous accompagne sur le chemin de la foi.

A toi pour une troisième question, Andreas !

 

AL – Je tire un papier… « Pourquoi est-ce au moment où il partage le pain que les disciples reconnaissent Jésus ? »

Les trois hommes arrivent au village d’Emmaüs. Le texte dit que Jésus semble vouloir continuer sa route seule. Mais les disciples le pressent de rester avec eux et d’entrer dans leur maison. Et quand ils se mettent à table pour manger c’est Jésus, l’invité, qui devient hôte : il prend le pain, rend grâce à Dieu et donne à chacun un morceau de pain. C’est à ce moment-là que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils reconnaissent Jésus. Pourquoi à ce moment-là ? Dans ce geste si banal autour d’un bout de pain ? Mais justement ce geste-là, Jésus l’avait fait au milieu de ses disciples au cours du tout dernier repas avec eux, le soir de son arrestation. En disant aux disciples avec beaucoup de gravité : quand vous partagerez ainsi le pain après ma mort, et aussi la coupe du vin parmi vous, je serai à nouveau présent parmi vous par ce geste. Maintenant Jésus fait devant ses deux disciples les mêmes gestes, en disant la même prière. Et ils le reconnaissent à ce moment-là : c’est lui, Jésus, notre maître !

Mais, poursuit le texte, c’est à ce moment de la fraction du pain que Jésus disparait à leurs yeux. Pourquoi cela ? Maintenant que ses disciples ont reconnu qu’il est vivant pour eux, même après sa mort, il peut les quitter. Parce que la place de Jésus est désormais auprès de Dieu et ainsi – et c’est très important à saisir – Jésus va être présent désormais pour tous les hommes à travers le temps et l’espace, d’une manière nouvelle : par l’Esprit Saint qui vient habiter dans nos cœurs. Sa présence nous l’accueillons désormais par la foi, dans le cœur, à l’intérieur de nous.

Le peintre Rembrandt a fait de cette scène un tableau célèbre où on voit toute l’émotion et le grand étonnement qui saisit les deux disciples devant Jésus, celui qu’ils avaient vu mourir quelques jours avant. Rembrandt a peint une quatrième personne sur ce tableau, un jeune homme, un serviteur, qui apporte un plat. Mais visiblement lui il ne voit rien et ne partage en rien l’émotion vive des deux disciples. C’est comme si Rembrandt a voulu dire : c’est bien une expérience de foi qui se vit ici. Cela se voit avec les yeux du cœur. Un bout du pain, une gorgée de vin qui nous disent que Jésus est présent parmi nous, c’est une expérience de de la foi, celle que Dieu met dans nos cœurs par son Esprit Saint.

Une dernière question, Christian ?

 

CB – Allez, une dernière ! « Pourquoi Jésus leur apparaît-il à eux et pas aux autres disciples ? »

Dans ce récit, Jésus rejoint ces deux hommes. Mais ce n’est pas qu’à eux qu’il apparaît. Quand ils reviennent à Jérusalem pour retrouver les autres disciples, ces derniers leur disent que Simon aussi l’a vu, et puis Jésus se présente au milieu d’eux tous. Les autres évangiles nous parlent d’autres personnes qui l’ont vu, Marie de Magdala, Thomas… Et l’apôtre Paul dit qu’il est apparu à plus de 500 personnes.

Il n’y a pas que les deux de notre récit. Mais la question reste valable, car il n’est pas apparu à tout le monde ! Comme il y a dans le monde des personnes qui croient en lui et d’autres non, comme pour certains parmi nous il est évidemment présent et pour d’autres difficilement. Il s’est montré à quelques-uns seulement. Mais ce n’est pas pour que cela leur soit réservé. Car, par les quelques-uns à qui il est apparu, il a souhaité se manifester à tous. A ceux à qui il est apparu, il a demandé de porter bonne nouvelle aux autres, de partager cette joie autour d’eux, de devenir témoins cette espérance pour tous les êtres humains. C’est ce que font les deux témoins de notre texte : quand ils reconnaissent le Christ vivant, ils font demi-tour et reviennent pour le dire aux autres. Le Christ se manifeste à tous par l’intermédiaire de ceux qui l’ont rencontré.

Mais pourquoi ces deux-là ? Qui sont-ils ? L’un s’appelle Cléopas, on ne sait pas qui il est car on ne parle pas de lui ailleurs. De l’autre, on ne sait même pas le nom. Ce sont deux hommes qui ne sont pas des héros, des êtres exceptionnels, ce sont deux humbles personnes. Le Christ ne choisit pas de se manifester à des personnes remarquables mais à des personnes banales. A des gens comme nous. Bonne nouvelle : il vient à notre rencontre tels que nous sommes.

C’est à notre tour de prolonger cette histoire. De recevoir le témoignage de ceux qui ont vu le Christ, de ceux qui mettent en lui leur confiance, de cheminer avec lui, de le reconnaître, et d’en devenir témoins. Joyeux, aller vers nos frères et sœurs humains pour leur dire ce qui s’est passé en chemin, ce qui est arrivé dans notre vie, la rencontre qui nous rend joyeux. Elle est pour nous mais pas  que pour nous. Elle est en nous et elle est par nous !

 

AL – Elle est magnifique cette joie partagée des disciples de Jésus qui découvrent que Jésus est vivant pour eux et pour tous les autres !

CB – Mais n’est-ce pas là un texte pour la fête de Pâques ? Et c’est aujourd’hui Pentecôte !

AL – Tu as raison ! Mais c’est justement à la fête de Pentecôte que les disciples vont partager la joie immense de cette découverte avec toute la foule rassemblée à Jérusalem. Et nous savons que cette joie s’est propagée comme un feu autour d’eux, comme un souffle de vie nouvelle…

CB – Oui, ce même feu que les deux disciples ont ressenti brûler en eux quand Jésus leur parlait et quand ils ont compris qu’il était vivant. C’est bien le même feu qui, le jour de Pentecôte, s’est déposé sur chaque disciple et a touché le cœur de tous.

AL – Et depuis 2000 ans, cette fête de Pentecôte se renouvelle chaque fois quand des hommes et des femmes et des jeunes accueillent ce souffle de vie, accueillent cette joie que Jésus est vivant pour nous aujourd’hui encore.

CB – Pentecôte nous invite à partager cette joie avec les autres, comme les premiers chrétiens ont fait. A nous de trouver aujourd’hui les mots, les gestes pour communiquer notre confiance en Jésus aux autres ! A vous, Théo, Antoine, Cosima, Armand, Amélie, Noémie, Marie-Lou. A nous tous, ensemble.

AL – Comme pour les premiers chrétiens c’est sans doute d’abord par notre manière de vivre, de former une communauté vivante, fraternelle et solidaire que nous disons que le Christ est vivant pour nous.

CB – Et cela nous allons le dire aussi dans un instant par le partage du pain parmi nous en mémoire de Jésus. Par cela nous disons qu’il est vivant au milieu de nous et que c’est lui qui fait de nous des frères et sœurs unis par un même lien d’amour.

AL – Que le même feu qui a brûlé dans le cœur des disciples sur le chemin d’Emmaüs et le jour de Pentecôte brûle aussi dans nos cœurs aujourd’hui !

Amen.

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