Journées européennes du patrimoine
Journées Européennes du Patrimoine : 20-21 septembre 2025
Pentemont : Une architecture plurielle
Le temple de Pentemont, rue de Grenelle à Paris dans le 7ème arrondissement, est situé dans l'ancienne chapelle de du couvent des religieuses de Pentemont qui faisaient là l'éducation des jeunes filles de bonnes familles. Cette chapelle lumineuse, chef d'œuvre de l'architecture religieuses du XVIIIème siècle, a connu de nombreux avatars architecturaux (démolition, reconstruction, transformation.) et aussi liturgiques puisque c'est l'empereur Napoléon Ier, qui, sous le Concordant en 1801 attribua cette chapelle catholique à l'Église protestante. L'installation du fameux orgue Cavaillé Coll en 1848, demanda à son tour, d'importants travaux.
Cette histoire sera racontée et mise en musique au cours des Journées Européennes du Patrimoine.
Des temples dans leur époque
Ils sont pour nous des lieux de retrouvailles, de repos, de recueillement. Ils sont les lieux où notre communauté devient visible, où nous nous réunissons comme des sœurs et des frères. Pour d’autres, ils sont « des lieux de culte », un peu mystérieux. Pour les passants, ce sont des bâtiments qui attirent le regard et intriguent. Nos temples, si familiers à nos yeux, se révèlent assez méconnus des passants, des habitants du quartier ou des touristes en quête de belles découvertes.
Et pourtant, ce sont des lieux chargés émotionnellement mais aussi chargés d’histoire. De l’histoire de notre communauté, avec sa double identité de Pentemont et de Luxembourg, et chargés de l’Histoire. Leur existence en tant que lieu de culte est un témoignage de la relation qu’entretient le protestantisme avec la société.
Ouvert à la visite lors des Journées européennes du patrimoine, le temple de Pentemont est un parfait exemple de l’Histoire de France avec la prépondérance du catholicisme pendant de longs siècles, pour la liberté de culte acquise dans le tourbillon de la Révolution et les difficultés pour un culte d’entretenir des relations équilibrées avec l’Etat. L’abbaye de Pentemont fut un haut lieu du catholicisme parisien, lieu d’éducation pour les jeunes-filles de la bonne société. La Révolution en destitua l’Église catholique et en fit un bâtiment administratif. Bien qu’accordé aux protestants par Napoléon Ier , il servit longtemps d’entrepôt et ne fut restitué qu’après un âpre acharnement administratif et dans un piètre état. Mais, in fine, le protestantisme parisien recevait alors un lieu de culte imposant et à la très belle architecture qui fut magnifiée par les interventions de Baltard et l’installation de l’orgue Cavaillé-Coll. Il reste une adresse prestigieuse (bordé d’ambassades et de ministères) mais discrète. Longeant sa façade, il est presque impossible d’en imaginer l’intérieur et d’en deviner qu’il est un lieu de culte protestant. Une adresse presque confidentielle !
L’histoire du temple du Luxembourg est assez différente. Elle raconte l’histoire d’une communauté en pleine croissance qui se trouva à l’étroit dans la salle qui l’accueillait, rue Servandoni. Portés par leur foi et leur confiance, des paroissiens financèrent sur leurs deniers propres l’édification d’un temple, entre la rue Madame et la rue Jean Bart. Inauguré en 1857, le temple correspond aux critères de l’époque : le bâtiment est certes très beau mais la chapelle est située à l’étage, comme pour l’éloigner un peu des regards des passants. Elle s’insère dans un bâtiment qui accueille également des salles de classes. L’éducation étant assurée par l’Église catholique, les enfants protestants devaient pouvoir suivre un enseignement eux-aussi, ce que les paroisses firent alors. Cet enseignement confessionnel fut de courte durée, avec la création de l’école publique et laïque qui fut plébiscitée par les protestants. Les salles de classes, inusitées, trouvèrent une nouvelle vocation… notamment celle d’appartements !
C’est ainsi que le second bâtiment, situé sur la rue Jean Bart, accueilli Gertrude Stein et son frère, éminents collectionneurs d’art et découvreurs d’Henri Matisse. Celui-ci a d’ailleurs été reçu dans notre actuelle salle Calvin ! La croissance et le dynamisme de la paroisse du Luxembourg convertit à nouveau ces salles pour y accueillir ses nombreuses activités d’Église.
Aujourd’hui, avec le projet « sacristie », il est question d’écrire une nouvelle page de cette histoire liant nos temples à la société : celle d’un protestantisme engagé et visible dans le monde.
Loup Cornut
(Article paru dans le n° 79 de la LPL - Lettre de Pentemont-Luxembourg - Septembre 2025)