Débat - Nos solidarités : responsabiliser ou assister ? — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Débat - Nos solidarités : responsabiliser ou assister ?

Depuis le développement de la crise économique, le problème de l’exclusion sociale devient de plus en plus aigu dans notre société. Ce fait est aussi renforcé par l’afflux illégal de plus en plus en massif d’immigrés dans les pays de l’Union Européenne, dont la France, générant une population de sans-papiers en grande difficulté.

Ce café/débat a eu lieu le Samedi 21 juin 2014 au temple du Luxembourg

Ce n’est pas un problème nouveau, hélas, puisque de grandes associations d’entraide luttent et militent contre les exclusions depuis très longtemps, comme la Mission Populaire Evangélique de France (MPEF), depuis la fin du 19ème siècle (après la Commune de Paris en 1871), ou Emmaus depuis le milieu du 20ème siècle (rappelons nous l’hiver 1954).

Le CASP, par exemple, a choisi de mettre son savoir-faire et ses compétences au service des personnes en détresse parce que « la lutte contre l’exclusion sociale n’est pas une fatalité, ne peut pas être un thème abstrait de discussion mais la mise en œuvre concrète et collective de moyens d’action pour résister au fatalisme et au découragement devant les difficultés sociales rencontrées par une partie de la population de notre pays ». Son action contribue par son dynamisme au renforcement du lien social. « Seul cet engagement permanent et durable au bénéfice de la collectivité pourra rétablir les personnes fragilisées par les échecs, la détresse physique et morale dans leur dignité et leur humanité en les aidant à réunir les conditions indispensables à la définition et à la mise en œuvre d’un nouveau projet de vie ».

Pour le Mouvement Emmaüs, « en dirigeant tout ou une partie du fruit de l’activité des personnes vers la solidarité, il promeut un modèle alternatif où le travail ne constitue pas un asservissement, mais au contraire une possibilité d’accéder à la liberté d’être soi en aidant les autres. Et cette solidarité s’organise à tous les échelons : au local, au national, et à l’international ! ». « Porteur d’une vision de société où l’humain est au cœur du système et où chacun à sa place, le Mouvement Emmaüs développe des solutions originales pour lutter contre l’exclusion avec des valeurs fortes comme l’accueil, la solidarité, le travail… »

La MPEF poursuit son action depuis 1872, au lendemain de la Commune de Paris. Tous ceux qui y sont engagés constatent qu’ « il n’y a de fatalité ni dans l’injustice, ni dans l’oppression, ni dans l’échec. (Ils) veulent, en solidarité avec tous ceux qui doivent lutter pour leurs droits et leur dignité, rendre habitable et fraternelle la terre habitée ». La Charte du Mouvement constitue pour les signataires « la règle commune au nom de laquelle ils s’engagent à militer pour une laïcité qui favorise et garantisse le libre débat des convictions et la libre collaboration des personnes. En France et à l’étranger, ils sont prêts à œuvrer avec tous ceux qui travaillent dans les mêmes perspectives fraternelles pour que, là où ils vivent, la justice remplace l’oppression, l’équité remplace l’exploitation, le partage remplace le pillage, la dignité remplace le mépris ».
Tout un réseau associatif s’est ainsi développé, reposant sur le bénévolat, et s’est engagé pour tenter d’atténuer les effets de la crise économique et essayer de proposer le minimum vital à ceux qui manquent de presque tout (on en est hélas loin !), à commencer par la nourriture et le logement. Chacune avec leur sensibilité et leur approche différente, les grandes associations de solidarité contribuent à créer ce « matelas social » qui permet d’atténuer les effets de la crise sur les plus démunis. Mais ce réseau associatif, seul ne peut rien sans un engagement de l’Etat : beaucoup aujourd’hui reprochent à l’Etat l’insuffisance de cet engagement et souhaitent qu’il y ait une prise en charge beaucoup plus systématique de cette lutte contre l’exclusion. L’Etat contribue grandement au fonctionnement de ces associations en subventionnant plus ou moins fortement les établissements qu’elles gèrent. Les lois de protection sociale (chômage, couverture maladie, aides au logement, allocations familiales, …) sont financées par le budget de l’Etat et c’est en grande partie grâce à ce fonctionnement de la protection sociale que les effets de la crise ont été en partie atténués en France par rapport à la plupart des autres grandes puissances économiques. Mais il contribuerait selon certains à générer des « assistés » au lieu de « responsabiliser » l’ensemble des citoyens à cette solidarité. Il se pose donc un enjeu politique majeur : est-ce à l’Etat de jouer majoritairement ce rôle d’assistanat aux plus démunis avec les deniers publics ou doit-on responsabiliser nos concitoyens et laisser aux seules associations bénévoles jouer ce rôle ?

 

Le débat a été animé par Bernard Calvino avec :

  • Bruno Martin Laprade, Président de l’Entraide Luxembourg Pentemont, Conseiller d’Etat Honoraire
  • Emmanuelle Faivre, responsable de la Maison dans la Rue, Centre d’accueil de Jour de SDF du CASP à Paris
  • Stéphane Lavignotte, Pasteur à la Mission Populaire Evangélique, Président du Christanisme social
  • Pierre Bérend, Chef d’entreprise, Directeur de Merrow & Shendon, Business Coaching
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